Le « je suis chrétien » de Fillon, c’est le clocher de Mitterrand!

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Les « forces de l’esprit » font un retour… en force ! Faut-il y voir un effet Star Wars (dont la dernière mouture distille elle aussi son message chrétien) ou bien une campagne de pêche aux voix des 60% de Français qui se disent catholiques ? Sincère ou non, la confession publique de leur foi chrétienne par un certain nombre de nos responsables politiques fait du bruit dans le landerneau. Gardons-nous bien de sonder les reins et les cœurs mais demandons-nous ce que traduit ce soudain élan mystique.

À 36 ans d’écart, il y a du François Mitterrand dans le « je suis chrétien » de François Fillon, prononcé au 20h de Tf1 mercredi 4 janvier. La chose est rare, peut-être même inédite de la part d’un candidat de la droite à la présidentielle lancé en pleine campagne. Mais l’info n’en est pas une et l’intuition vient de très loin. Le « je suis chrétien » du candidat de la droite et du centre, c’est le clocher campé au milieu du village de l’affiche du candidat socialiste en 1981. Une profession de foi ? Non, une évidence.

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Les paroles de l’ancien Premier ministre sont aussi sibyllines que le message glissé dans l’affiche du candidat socialiste par Jacques Séguéla mais trahissent exactement la même ambition : parler à la France entière. « Je suis chrétien » ? François Fillon aurait pu dire catholique. N’est-il pas de longue date un ami des moines de l’abbaye de Solesmes où il appréciait s’isoler le temps d’une retraite quelques jours par an ? N’a-t-il pas assisté à la messe privé du pape Benoît XVI avec ses fils lors d’une visite officielle au Vatican ? Derrière l’emploi de ce terme subtil, sobre et discret de « chrétien », glissé presque innocemment par le candidat sarthois, catholique convaincu et pratiquant, il y a le désir d’échapper à tout étiquetage. En 1981, Séguéla ne fit pas moins bien en posant un clocher dans le cadre de l’image. Un clocher, oui, mais sans la croix… L’art et la manière de revendiquer pour soi l’héritage de la civilisation chrétienne sans s’encombrer de moralisme ou de vertus catholiques.

De Benoît Hamon à Alain Juppé, l’expression de sa foi chrétienne fait figure de marqueur électoral moins clivant qu’une doctrine économique. Après tout, le champ politique où la doctrine sociale de l’Église s’épanouit est large. Le spectre est assez diffus pour plaire plus qu’inquiéter l’électeur raisonnable. L’abbé Pierre ? Chrétien. Sœur Emmanuelle ? Chrétienne. Le pape François, les petites sœurs des pauvres, l’Ordre de Malte ou l’Armée du Salut ? Chrétiens. Le chrétien a les pieds sur terre, bien plantés dans la glaise comme ses cathédrales et ses monastères : « Nous avons des racines chrétiennes, incontestables. Moi qui suis un enfant baptisé, je sais la place de ces racines dans ma propre vie, dans ma culture » dit Benoît Hamon. Le chrétien est par nature assez cool : heureux, ouvert, serein et optimiste, vivant dans l’espérance. « Respectueux de la personne et de la dignité humaine, de la solidarité » ajoute François Fillon. En somme le gendre (ou le citoyen) idéal.

Pourtant prompt à pardonner mais attaqué dans sa chair par une série de crimes terroristes horribles, le chrétien est en colère. Les yeux tournés vers la patrie d’en-haut qui l’attend au bout du chemin, il commence à se faire du soucis pour la partie d’ici-bas où il chemine encore. Il sent naître dans son cœur un sentiment de crainte : cette patrie chérie qui fut l’écrin de sa foi si précieuse, celle qui a vu s’épanouir son Église comme une fleur magnifique et qui en a vu naître les surgeons les plus nobles sera-t-elle encore fertile après lui ? Ce sentiment qui parcourt l’ensemble de l’Église de France, plusieurs candidats semblent l’avoir perçu.

Nos hommes politiques sortent dans l’arène revêtus du « bouclier de la foi » cher à Saint Paul ? Tant mieux ! À la lecture de leurs programmes, à l’écoute des débats et à l’analyse des idées, nous verrons bien s’ils ont « mené le bon combat, achevé la course et gardé la foi… »

Source Aleteia

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