La série sanglante continue. Les journalistes, les policiers, les juifs : la barbarie terroriste a des cibles précises. Celle de sa haine totalitaire, celle de « Daech », celle de l’intégrisme qui a frappé partout dans le monde avant de déferler en France dans nos rues, nos rédactions, nos magasins, nos écoles… Une nouvelle prise d’otages s’est déroulé dans une épicerie casher de la porte de Vincennes.
L’homme qui a fait irruption vers 13 heures dans la supérette, armé de deux fusils-mitrailleurs, est bien le tireur de Montrouge qui a tué une policière la veille, à proximité d’une école juive. Il s’agit d’Amedy Coulibaly, 32 ans, proche des frères Kouachi, les auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo et eux-mêmes engagés au même moment dans une autre prise d’otage, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, à 40 kilomètres de Paris. Sa cagoule, abandonnée hier à Montrouge, a permis de l’identifier. Sa compagne, Hayat Boumedienne, serait armée, elle aussi, et est activement recherchée. Au terme de l’assaut donné à 17h30, Coulibaly est tué (comme les frères Kouachi lors de l’intervention du GIGN à Dammartin-en-Goële), mais on compte quatre morts parmi les otages…
C’était veille de shabbat et les juifs faisaient leurs courses. Effarés, bouleversés par la tuerie de Charlie Hebdo. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s’était rendu à l’Elysée aux côtés des autres représentants des cultes. De nouvelles agressions se produisaient quotidiennement avant que le pire n’arrive ou ne recommence. Pourtant, un silence cotonneux a entouré ces actes répertoriés dans le 19e arrondissement parisien.
Depuis le 22 décembre, quatre attaques se sont succédées, sans faire de victimes, heureusement. Elles ont toutes été perpétrées de nuit dans un périmètre restreint.
– Le 22 décembre, à 21 heures 30, un tir endommage une devanture en verre, dans l’immeuble qui abrite la synagogue de la rue Danjon. Cette large baie vitrée est celle du bureau du rabbin et de son adjoint qui sont présents. La fenêtre est éclairée, leurs silhouettes se distinguaient clairement. Ils étaient visés.
– Le 25 décembre, de nouveaux impacts sont découverts au matin contre un restaurant casher de la rue Manin.
– Le 26 décembre, les mêmes traces de balles sont identifiées sur le mur de l’imprimerie HM, 65 rue d’Hautpoul. Cette imprimerie est identifiée comme appartenant à un juif par la mezouza installée sur le linteau de la porte. Pour le propriétaire, le caractère antisémite de l’acte ne fait aucun doute.
– Dans la nuit du 1er au 2 janvier, un départ d’incendie est détecté dans le hall de l’immeuble mitoyen de la synagogue de la rue Corot à Garges. On a dessiné une croix gammée et tagué dans le hall l’inscription « Antijuifs ».
Pourquoi aussi peu de réactions ? Pourquoi la raison se réveille-t-elle et les larmes coulent-elles, comme pour nos amis de Charlie Hebdo, pour les enfants juifs et les soldats de Toulouse, pour les victimes des islamistes, seulement quand les corps sans vie jonchent le sol ?