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En attendant les hirondelles est un film algérien, qui a pour véritable sujet les Algériens d’aujourd’hui. Il s’agit d’un film choral mettant en scène une dizaine de personnages principaux d’une forme de drame collectif. Où va l’Algérie de 2017 ? En surface, les Algériens sont aimables les uns envers les autres. Le pays est ensoleillé, possède des paysages naturels superbes. Les grandes villes, comme Alger, ou Constantine, se couvrent de bâtiments modernes, ce qui peut donner une apparence de modernité, ou d’activité. Les gens sont-ils portant heureux, dans leur vie personnelle ou au travail ? Ont-ils d’ailleurs un travail ? Comment définir leur situation, leur pays ? « C’est compliqué » est la phrase, prononcée en français plusieurs fois dans des échanges en arabe dialectal algérien, qui résume la chose. Cet arabe algérien, on se surprend à l’entendre, n’a plus rien d’exotique, les choses étant ce qu’elles sont en France, pour le public français ; il est celui qui est le plus souvent prononcé en France, et ce d’autant plus que pour de non-arabisants exercés les dialectes tunisiens et marocains sont proches.
En attendant les hirondelles, une fresque réussie de l’Algérie d’aujourd’hui
Le film ambitionne de montrer une dizaine de personnages jugés représentatifs de la société, qui sont tous connectés par une personne, et une seule. C’est un paradoxe sociologique connu, puisque l’on balaie ainsi des personnes qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. Le réalisateur en joue, puisque certains de cette file, qui ne se connaissent pas, finissent par se rencontrer, avec cette sociabilité algérienne superficielle facile, du moins entre hommes. Les femmes sont assez peu libres, souvent invitées socialement à porter le voile, même pour celles qui n’ont pas une piété islamique personnelle très développée. Les mariages sont encore souvent arrangés, les filles devant épouser des cousins germains plus âgés. Un de ses mariages est l’occasion de proposer une traverser du pays, une Algéroise épousant son cousin, médecin, sous-chef de service à l’hôpital public. Chose pénible pour elle, elle est conduite par son ancien amant, son voisin à Alger, chauffeur professionnel. Au moins, il travaille, mais est moins estimé qu’un médecin, quand bien même son père serait libéral, ce qu’il n’est pas. Donc ce père ignorant tout, a demandé à ce voisin de lui rendre un service, assurer le transport de sa fille, ce qui en bon voisin algérien ne se refuse pas. La jeune femme, contrariée, est-elle si malheureuse ? Elle accepte son sort. Beaucoup de sujets sérieux sont évoqués comme la corruption, massive. On regrettera seulement que le drame authentique des femmes violées par les islamistes insurgés soit évoqué avec peu de finesse, ce qui n’est pas en outre forcément très crédible dans ce contexte particulier. Les islamistes sont indéfendables, criminels et hypocrites, on en conviendra ; les Algériens moyens seraient des lâches, ose aussi avancer le réalisateur, ce qui appellerait peut-être des nuances.
En attendant les hirondelles réussit dans son ambition à proposer une fresque de l’Algérie d’aujourd’hui.