Au Burundi, le président Pierre Nkurunziza a récemment mis en place un contrôle strict des très renommés tambours inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco. Désormais, ils sont “interdits” aux femmes et leur usage sera rigoureusement encadré par les autorités, selon un décret présidentiel dont l’AFP a pris connaissance jeudi.
“Il est strictement interdit aux personnes de sexe féminin de battre le tambour; elles peuvent néanmoins exécuter les danses folkloriques féminines en accompagnement au jeu du tambour”, précise le texte, dès son préambule.
De même, tous les groupes qui ont pour objectif de faire de l'”animation culturelle” doivent désormais se faire enregistrer au ministère de la Culture et ne pourront se produire en dehors des “cérémonies officielles qu’avec une autorisation du ministre”. Cette demande d’autorisation doit être déposée deux semaines avant l’événement et le ministre se réserve le droit d’accepter ou non, “au regard de l’importance historique de l’instrument”.
Ancien symbole d’une royauté sacrée et très ancienne
Inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco en 2014, le tambour – Ingoma en kirundi, la langue nationale – était le symbole dans le Burundi monarchique d’une royauté sacrée et multiséculaire, qui a pris fin avec l’avènement de la République en 1966. Lorsqu’un roi accédait au pouvoir, on disait qu’il montait sur l’Ingoma.
Apanage des hommes de certains clans hutu du Burundi, le tambour n’était battu qu’en présence du roi et pour rythmer des moments importants de la vie nationale : la fête annuelle des semailles, les déplacements du roi, son intronisation…
L’instrument s’est démocratisé, des femmes commençaient à en jouer
Cet instrument s’est démocratisé et les groupes de tambourinaires ont fleuri à travers tout le pays depuis une vingtaine d’années. De nombreuses communes, quartiers ou écoles ont leur groupe qui agrémente aussi bien les fêtes officielles que les mariages, remises de diplômes et fêtes de baptêmes.
Et quelques groupes de femmes tambourinaires ont commencé timidement à faire leur apparition. Le décret présidentiel signé le 20 octobre prévoit que si l’organisateur obtient l’autorisation de se produire, il devra payer “au Trésor public une redevance de 500.000 Fbu (245 euros) par exhibition”. Cette redevance devient journalière si le groupe va se produire à l’étranger.
La danse rituelle au tambour royal (document Unesco de novembre 2014) :