C’est reparti ! La gauche mondiale bien-pensante nous invite à un nouveau « quart d’heure de la haine » contre les méchants « évadés fiscaux ».
Cette fois, il s’agit des « Paradise papers ». C’est plus joli que les « Panama papers », que les « Swiss Leaks » ou que les « Malta files », n’est-ce pas ? Mais les méthodes ne sont pas beaucoup plus ragoûtantes : il s’agit toujours de délation sur la base de documents piqués dans les poubelles.
Cette fois, ce ne sont pas moins de 13,5 millions de documents confidentiels, pour la plupart volés au cabinet d’avocats Appleby, qui ont été disséqués par le même « Consortium international pour le journalisme d’investigation » qui avait planché sur les « Panama papers ».
Disons-le tout net : ce sont des méthodes de voyous. D’autant que les documents d’avocats sont, en principe, protégés par les législations occidentales.
Que des journalistes s’offrent une justice parallèle ne me semble pas du tout la sacro-sainte garantie de la démocratie que l’on entend systématiquement associer au fameux journalisme d’investigation, mais bien un grave dévoiement des principes du droit.
Au demeurant, ce fameux journalisme d’investigation me fascine. Il a une déconcertante facilité à accepter les documents que toutes sortes de barbouzes lui font passer pour désigner à la vindicte publique des concurrents ou des ennemis.
En contrepartie, il a une remarquable capacité à ne pas « voir » les vices des puissants – ou, plus exactement, à ne les exposer que dans la réconfortante unanimité des meutes de loups. C’est ainsi que le comportement de violeurs de certains politiciens ou personnalités en vue – que, paraît-il, « tout le monde connaissait » – a été complaisamment occulté pendant des décennies, avant d’être – pour servir quels intérêts ? – subitement jeté en pâture à l’opinion publique.
Non, décidément, je n’arrive pas à voir du courage dans ce comportement de délateurs en meute !
Mais, dans le cas des « Paradise papers », c’est encore plus beau.
Si j’ai bien compris, une bonne partie (tous ?) des dossiers qui ont été « balancés » respectent parfaitement la loi.
Rien à voir avec du crime organisé, ni même de la fraude fiscale. Simplement une application astucieuse des lois existantes.
Ainsi, quand on nous annonce que la reine d’Angleterre « aurait des intérêts dans des paradis fiscaux », il faut comprendre qu’elle est actionnaire d’un fonds d’investissement basé aux îles Caïmans. En toute légalité, semble-t-il. D’ailleurs, la reine n’est pas soumise à l’impôt britannique, qu’elle paie, malgré cela, volontairement !
Rappelons quelques éléments aux valeureux « investigateurs ». Tout d’abord, on ne redira jamais assez que, s’il existe des paradis fiscaux, c’est principalement parce qu’il existe des enfers fiscaux. Ensuite, la plupart des fonds d’investissement prennent des risques pour développer des sociétés de l’économie réelle. Ces sociétés paient généralement l’impôt dans leurs pays ; les actionnaires du fonds aussi. Que le fonds ne souhaite pas tripler la mise me semble assez logique. Enfin, on oublie trop souvent que bon nombre des produits d’épargne proposés par les banques françaises – y compris aux petits épargnants – comportent des éléments juridiquement basés dans des paradis fiscaux. Cela ne fait pas de l’ensemble des épargnants français des complices du blanchiment d’argent sale !
Qu’il y ait des pourris dans le monde, et spécialement au plus haut niveau, me semble évident.
Mais il n’est peut-être pas nécessaire de jouer à se faire peur avec des histoires à dormir debout !