Jeudi dernier, Christophe Castaner annonçait, dans une caserne de sapeurs-pompiers de la Seine-Saint-Denis, entouré du général commandant la brigade des sapeurs-pompiers de Paris et du très martial préfet de police de Paris, qu’une campagne nationale allait être lancée prochainement pour sensibiliser sur les « violences insupportables » dont sont victimes les soldats du feu lors de nombreuses interventions. Sensibiliser ? Un verbe que Christophe Castaner a sans doute reçu en héritage de son passé socialiste. On aimerait entendre le verbe « réprimer », comme on l’a pourtant entendu, coups de menton à l’appui, lors des manifestations des gilets jaunes. Donc, une campagne de sensibilisation contre la « montée des incivilités », cette expression valise qui évite d’employer les mots du Code pénal : contraventions, délits, crimes… Car, au fond, il s’agit bien de cela et de rien d’autre.
Vingt-quatre heures à peine après le docte discours du ministre de l’Intérieur qui expliquait que 80 % des agressions sont le fait de personnes que les pompiers viennent secourir, un quartier de Cavaillon, dans le Vaucluse, a été la scène d’une attaque d’une grande violence. Dans la nuit de vendredi à samedi, appelés pour intervenir sur un feu de poubelles, les pompiers ont été la cible de jets de pierres. Une boule de pétanque a même été jetée sur un véhicule. La Provence parle d’« embuscade ». « Pneus et autres détritus au milieu de la chaussée », « attaque en bonne et due forme de notre fourgon léger et de son équipage », ont raconté les pompiers au quotidien régional. Les soldats du feu ont alors décidé un « repli d’urgence » et sont rentrés à la caserne pour revenir sur les lieux, cette fois-ci appuyés par la police. Ce qui n’a cependant pas dissuadé les voyous de lancer de nouveau des projectiles sur les pompiers. Évidemment, il ne s’agit pas d’une « incivilité » mais, au minimum, d’un délit. Vu la description de ce « fait divers », on peut même se risquer à le qualifier de scène de guerre ou tout du moins de guérilla. En tout cas, on peut retrouver là les composantes d’une embuscade telle que décrite dans les manuels militaires ! Le quotidien ne le dit pas, mais on imagine aisément que la « sonnette » (le « chouf ») était en place pour alerter de l’arrivée des pompiers et des forces de l’ordre, que le chemin de repli, une fois l’attaque effectuée, avait été reconnu au préalable, etc.
En tout cas, le tweet du ministre de l’Intérieur est resté silencieux. Il devait sans doute préparer son « intervention » aux universités d’été de La République en marche à Bordeaux ! Mais nul doute que la campagne de sensibilisation de Christophe Castaner saura mettre un terme à de telles « incivilités ».
Georges Michel – Boulevard Voltaire