Si les murs de la Ca’ Dario pouvaient parler, ils hurleraient. Derrière les façades aux couleurs de friandises, la jeune Marietta Barbaro, emmurée, s’est consumée de chagrin, l’historien Rawdon Brown s’est donné la mort face à ses tableaux, Kit Lambert, le manager des Who, s’est perdu dans les fêtes et les drogues, la liste est longue, et sanglante, des propriétaires morts de façon tragique dans ce petit palais penché sur le Grand Canal. Elle faillit s’achever par Woody Allen, si celui-ci, prudent, n’avait au dernier moment renoncé à son achat.
Amoureux de Venise, Jean-Paul Bourre a exhumé les bibliothèques de la Sérénissime pour raconter, sous la forme d’une enquête, l’histoire fantastique de ce bâtiment maudit, construit au XVIe siècle sur un ossuaire et dont la devise, gravée dans le marbre du frontispice, nous dit, en anagramme ” Celui qui habitera ces lieux ira à sa ruine “.