Plongée dans l’indépendance américaine!

Au visiteur curieux, le Versailles insolite livre quelques secrets. Entre le Château et la Pièce d’eau des Suisses, voici la « Cité administrative » voulue par Louis XV : plusieurs importants ministères de la monarchie y avaient leurs sièges. Son artère principale, jadis « rue de la Surintendance », porte aujourd’hui un nom évocateur : rue de l’Indépendance américaine.

C’est au numéro 5, à l’Hôtel des Affaires étrangères et de la Marine, que se réunirent les plénipotentiaires qui allaient formaliser, en 1783, l’indépendance des treize colonies américaines. Voisin de l’Hôtel de la Guerre, ce bâtiment fut voulu par le duc de Choiseul et réalisé par l’architecte Berthier ; ses murs renferment aujourd’hui la Bibliothèque municipale de Versailles. Le cœur battant de cet Hôtel, est sans conteste la « Galerie des affaires étrangères », décorée de riches panneaux illustrant les puissances de l’époque : Venise, Londres, Varsovie, Constantinople… « La plus riche enfilade que j’aie vue », disait le duc de Croÿ, ébloui par cet écrin renfermant les secrets diplomatiques de la monarchie.

La galerie est peu accessible en dehors des expositions temporaires : raison de plus pour jeter un coup d’œil à l’exposition « L’ami américain », dédiée à la guerre d’indépendance américaine. On pourra y admirer l’épée de Charles de Vergennes, ministre des Affaires, hôte des lieux en 1783. Outre les belles marines et gravures d’époque, voici l’imposante maquette du navire La Sirène. Non loin, les lecteurs de Présent seront heureux de retrouver les portraits des contre-révolutionnaires Charette et La Rouërie, tous deux héros d’un conflit trop souvent résumé au seul La Fayette…

Pourquoi une telle exposition ? C’est que l’on célèbre le 240e anniversaire de la Déclaration d’indépendance de 1776. A un jet de pierre de l’Hôtel des Affaires étrangères, le Château offre lui aussi une exposition intéressante, nichée dans la galerie des batailles. Un choix judicieux car, parmi les tableaux illustrant le roman national, Louis-Philippe avait fait placer une représentation du siège de Yorktown, victoire franco-américaine décisive. Une impressionnante galerie de portraits et de marines explore les facettes politiques, diplomatiques et militaires d’un conflit qui permit à la France de prendre sa revanche sur Londres, vingt ans après la perte de la Nouvelle-France. Victoire, aussi, de notre flotte sur la Royal Navy. Mais à quel prix ?

Ces deux expositions, occultées par la torpeur estivale et la terreur islamiste n’ont été que peu promues. N’hésitez pas à pousser la porte : ce voyage américain, dans l’écrin versaillais, vaut le détour.

Tugdual Fréhel -Présent

L’Ami américain, Bibliothèque centrale de Versailles, 5 rue de l’Indépendance américaine, Versailles. Du mardi au vendredi de 14 h à 18 h et samedi de 10 h à 18 h. Jusqu’au 8 octobre.
Versailles et l’indépendance américaine, Château de Versailles. Du mardi au dimanche de 9 h à 18 h 30. Jusqu’au 2 octobre.

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