Les petits blonds politiquement très incorrects!

Horreur, Jacadi n’a pris que des enfants blonds pour sa pub et c’est très mal vu, vécu et analysé… Racisme inversé? Propagande! Lire la suite et le jargonage afférent: édifiant et surtout, consternant! (NDLR)

“Jacadi, la marque française de vêtement pour enfant se paye une campagne de rentrée fracassante. Acteur star? Mannequin célèbre? Non rien de tout cela. Juste une ribambelle d’enfants blonds. Des enfants “made in France” avec appellation d’origine contrôlée. Il ne manquait plus que le label sur la photo et la mention certifiée “origine française”.

Vision idéalisée de la France, cette campagne aurait presque pu s’intituler “de nos ancêtres les Gaulois à nos enfants les Gaulois”. Ironie du sort (on se demande si tout le service communication et marketing était en vacances), la campagne de pub s’intitule “une rentrée en couleurs”. Ce n’est visiblement pas le cas chez Jacadi.

C’est dans une vitrine d’une boutique du 16e arrondissement que j’ai pu l’admirer, le fameux arrondissement traditionnellement catho aristo alors que pourtant, paradoxalement il compte de nombreuses populations séfarade, libanaise et d’Afrique du nord et est beaucoup plus coloré qu’on ne le croit.

Soit, mais qu’est-ce que symbolise cette campagne? Elle promeut une vision de l’enfance des élites françaises, préservées des métissages. C’est une campagne très WASP (white anglo-saxon protestant). Pourtant, même les Américains n’auraient pas osé. Rompus au politiquement correct, les services marketing des marques américaines savent qu’il ne faut pas rigoler avec les minorités ethniques ou sexuelles. Ralph Lauren ou Tommy Hilfiger n’oublient jamais de mettre un mannequin noir dans leurs campagnes de pub.

Pour être sûr, je suis quand même allé voir sur le site. Là encore “l’enfant”, c’est une tête blonde aux yeux bleus. Et je ne résiste pas à citer le site lui-même qui note à propos de la marque: “Renouveler et transmettre aux jeunes générations partout dans le monde le patrimoine authentique et intemporel de la mode enfantine de tradition française. Jacadi est la marque ambassadrice du haut de gamme de la mode enfantine. Cette renommée est le fruit d’un engagement fort sur la qualité”. On parle de viande? Non bien sûr, on parle de nos enfants (j’en ai pas mais bon “si Dieu veut un jour” comme dit Serge Benamou dans La Vérité si je mens). Des enfants au “patrimoine authentique”, de “tradition française”, autrement dit génétiquement purs. Qui se souvient encore de la réponse mythique de Jean Claude Duss (célibataire maladroit interprété par Michel Blanc) à Christiane (Dominique Lavanant) qui confie sur la plage à propos des hommes: “je vais vous paraître un peu vieux jeu, mais j’les aime grands, exagérément musclés et surtout les cheveux blonds et en brosse”, et Michel Blanc de répondre: “Eh ouais, le nazi quoi !”. Je sais, j’appuie là où ça fait mal. Mais c’est aussi le rôle de l’enseignant.

Et c’est là que le social percute l’ethnique, car la marque se positionne sur un créneau “haut de gamme”. Dès lors comment ne pas intégrer qu’inconsciemment, les enfants blonds seraient “haut de gamme”. Pour que mon analyse colle à l’esprit bien “scientifique”, j’ai souhaité faire une comparaison avec les sites des autres marques de vêtements pour enfants: Cyrillus, Tartine et chocolat, Bonpoint, Du Pareil au Même, Gap kids et Zara kids. Qu’est-ce qui en ressort? Grosso modo, les marques positionnées sur le haut de gamme n’utilisent quasiment aucun enfant métissé (on aperçoit quand même une petite fille avec des yeux bridés sur une photo de la marque Tartine et chocolat).

Dans la campagne “la tribu rentre en classe” de la marque Cyrillus, là encore, on trouve une vision idéalisée de la famille française avec des parents bien blancs et deux garçons d’une blondeur assez rare il faut bien l’avouer, sauf peut-être dans les pays nordiques! Les marques plus accessibles, elles, affichent des gamins plus colorés. Question de ciblage marketing? Du Pareil au Même ose ainsi la petite métisse, mais attention: elle est métisse certes, mais ses cheveux tirent sur le blond et elle a les yeux clairs. Incroyable. Zara kids, une marque pourtant très internationale, utilise dans sa campagne 2015 “back to school”, des enfants très légèrement métissés. En clair (sans mauvais jeu de mots), la marque affiche une petite aux yeux finement bridés et une petite à la peau caramel et aux cheveux étonnement lisses. Pour cette dernière, on dirait qu’ils ont un peu forcé sur l’autobronzant. Heureusement Gap kids, marque américaine (CQFD), utilise des enfants noirs et asiatiques dans la plus pure tradition de Benetton. Chapeau.

Tout ça pour dire qu’en France le tabou n’a pas encore sauté. Les marques utilisent très rarement des enfants noirs (vraiment noirs) et encore moins des enfants d’origine arabe qui renverraient immédiatement à une population à laquelle les marques ne souhaiteraient pas forcément associer leur image. Ce sont des schémas dont il est très dur de s’affranchir. Pardon de faire du Eric Zemmour dans le texte, mais je ne blesserai personne en disant que la propension d’enfants d’origine arabe et noire est beaucoup plus importante dans les écoles de banlieue que dans celles du 7e arrondissement.

En fait, les marques françaises perpétuent et entérinent une vision de l’enfant idéal correspondant parfaitement à l’adage “nos chères petites têtes blondes”. Des enfants dont la blondeur serait la garantie de leur innocence. Le blond n’est-il d’ailleurs pas la couleur de l’enfance? Je précise que j’étais blond enfant, afin de dissiper tout malentendu sur un éventuel racisme anti blond.

Mais le drame de cette vision “jacadienne” de l’enfant, c’est qu’inconsciemment les enseignants (dont je fais partie) peuvent l’intégrer et la reproduire… On pardonnera plus facilement les bêtises des petites têtes blondes, elles sont si mignonnes ! Ben voyons. Enfants métissés, vous êtes priés d’aller chez Benetton.

Dans un sketch d’anthologie, intitulé “le blond” l’humoriste Gad Elmaleh dénonçait avec ironie la “perfectitude” (la perfection) du blond, sans doute traumatisé lui aussi par la “race aryenne”, qui en vérité désigne une population indo-européenne.

En voyant les campagnes des marques françaises, je ne peux évidemment que penser au contexte actuel. Ces affiches de pub ont heurté ma rétine au moment où l’Europe et la France se métissent (on peut être contre comme on peut être pour, je ne fais que décoder le réel en proposant une analyse).

Tous les soirs au 20h, de l’Allemagne à la Finlande en passant par la France, je vois des enfants syriens, irakiens, kurdes… enfants qui vont “repeupler nos campagnes”, nous explique-t-on et par voie de conséquence colorer nos cours de de recréation. Donc forcément quand Jacadi a dit “tous blonds” ça va être compliqué ou alors il va falloir que le ministère de l’Education nationale commande beaucoup, beaucoup de teinture.”

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