Le château de la Roche bourbon (Vidéo)

Autour de 1475, Jehan II de Latour fait construire une forteresse composée de deux corps de logis, avec quatre puissantes tours et un donjon massif. Ce château fort, construit en forme de triangle sur un éperon rocheux, est naturellement défendu par le marais. Au nord, en avancée, la tour de la Fuye monte la garde. Après trois siècles de conflits entre Français et Anglo-Aquitains dans la région, il n’est pas possible de construire un château autrement que fort et défensif. En 1603, Jacques de Courbon, ayant épousé Jeanne de Gombaud en 1595, libère totalement Romette d’une indivision de cent treize ans. C’est alors qu’accordant les vocables de La Roche et de Courbon, apparaît La Roche-Courbon qui sera désormais le nom du lieu. Au xviie siècle, Jean-Louis de Courbon, petit-fils de Jacques, transforme La Roche-Courbon comme on peut le voir sur le tableau du peintre hollandais Jan Hackaert (1628-1685).

Le château est à l’apogée de sa beauté, entouré de somptueux jardins à la française qui verront le jour avant ceux de Versailles. Le corps de logis s’ouvre à la lumière : de larges fenêtres sont percées au levant comme au couchant, le toit est muni d’ouvertures à la Mansart. Un élégant balcon est construit en avancée sur des arcs en anse de panier, soutenu par cinq colonnes d’ordre toscan. Un escalier à double palier descend vers les jardins, bordés par le paresseux Bruant (petite rivière qui se jette quelques kilomètres plus loin dans la Charente).

Les abords sont harmonisés avec une esplanade épaulée, en surplomb du cours d’eau, par une haute muraille. Des arbustes enserrent cette ample terrasse, flanquée de deux pavillons de style Louis XIII coiffés d’ardoises « en écailles de poisson ». Un autre document, signé vers 1710 par Claude Masse (1652-1737), architecte militaire de Louis XIV, montre que le corps de logis Est et deux puissantes tours n’existent plus. On pense qu’un incendie a détruit une partie importante du bâtiment.

La suite du xviiie siècle ne voit pas beaucoup de propriétaires sinon, en 1785, le marquis Sophie-Jacques de Courbon Blénac qui, pour 240 000 livres, retrouve le bien familial. Il se fixe au château, entreprend une suite d’embellissements : le monumental escalier de pierre desservant les étages pour l’intérieur et les grilles en fer forgé, armoriées, dans les jardins.

L’un des anciens propriétaires du château fut Jean-Baptiste Mac Nemara, lieutenant de Frégate et enseigne d’une compagnie de marine, qui épousa en 1713 Julienne Stapleton, fille de Jean Ier Stapleton, l’un des premiers Irlandais de Nantes3. Il acheta beaucoup plus tard le château, en 1756, un peu avant son décès, pour la somme de 130 000 livres4. La Révolution survenant et le marquis n’ayant pas émigré, le château n’est pas vendu comme bien national. En 1817, sa fille vend le domaine aux enchères. Commence alors le long sommeil de La Roche Courbon, avant sa seconde renaissance au xxe siècle

Pierre Loti se rendait souvent en vacances chez sa sœur, domiciliée à Saint-Porchaire. Lors de ses balades à travers la campagne alentour, il tomba sous le charme du château de la Roche Courbon, à l’abandon, en ruines, au milieu des broussailles. Profitant de sa notoriété, l’écrivain permit de sauver le site par une campagne de presse et fit connaître ce château, qu’il surnommait volontiers le « château de La Belle au bois dormant », titre d’un beau texte qu’il consacra au sujet.

Paul Chénereau acheta puis fit restaurer le domaine, lui redonnant sa splendeur d’antan. De 1928 à 1939, éclot lentement le jardin à la française que l’on peut admirer sur les vues du domaine . Le château est remis en état et meublé. L’exceptionnel cabinet des peintures, qui a beaucoup souffert de l’humidité, est restauré. Paul Chénereau complète cet ensemble ressuscité par deux heureuses innovations : dans les combles du château, sous la charpente en forme de carène renversée, la chapelle dédiée à saint Michel; dans une grange agricole désaffectée, la construction d’un théâtre, ennobli par un escalier à balustres et une porte du xviie siècle.

La guerre de 1939-1945 passée, le domaine, classé Monument Historique en 1925 pour partie et en 1946 dans son ensemble (château, jardins et parc), s’ouvre à la visite. C’est alors un enchantement pour les gens de la région que de découvrir cette résurrection. Paul Chénereau créera même, dans les années 1960, avec des acteurs de la Comédie Française, un spectacle « Son et Lumière ». Sa réussite sera l’apothéose de sa vie.

L’entrée du château
En 1967, il laisse à ses enfants, Marie-Jeanne et Jacques Badois, la charge de maintenir le domaine. C’est au tour d’un centralien de se battre. Sur les bâtiments, avec l’aide de l’État, de la région et du département, trois campagnes de restauration remettront en état la tour Nord, le corps de logis (charpente et toitures) et la tour Sud. La restauration des communs Nord (56 mètres de long) est prévue : les voûtes s’affaissent et menacent de s’écrouler. Une première étape de mise sous étais de ces voûtes a été menée à bien durant l’hiver 2003-2004. Une étape suivante de consolidation des murs et de restauration des charpente et toiture a été exécutée durant l’hiver 2006-2007. La dernière tranche s’est achevée en 2010.

En octobre 1990, un terrible incendie a dévasté un bâtiment de 750 m2 appelé « La Grange ». Il a été restauré et accueille maintenant des manifestations à caractère professionnel ou familial.

Dans les jardins, sur les parties ajoutées par Ferdinand Duprat, une importante superficie avait été conquise sur les marais (défense du château primitif). Il fallait donc reconstruire l’ensemble, enfoncé dans la vase, sur pilotis. Chaque année, une campagne de travaux est entreprise : des pieux en bois sont enfoncés, sur lesquels des solives puis des planchers sont cloués pour reconstruire au-dessus une balustrade, une échauguette, un embarcadère ou plus simplement gazon ou chemins.

Le château souffre énormément du passage de la tempête Martin dans la nuit du 26 au 27 décembre 1999. Il a, en effet, suffi de 5 heures de vents soufflant jusqu’à 200 km/h pour mettre à bas la forêt chantée par Pierre Loti. Avec l’aide des pouvoirs publics et grâce à AMICOUR (Association des Amis de La Roche Courbon), les bois sont progressivement remis en état. Des milliers de stères ont été sortis des bois et des alignements de chênes, peupliers, tilleuls ou érables champêtres sont replantés. Il reste encore beaucoup à faire puisqu’environ 90 ha sur les 150 de forêt du site ont été détruits. (Wikipédia)

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