Le monde médiatique était si certain que la gestation pour autrui, cette fameuse GPA, pratiquée au profit des couples homos, allait se généraliser, et était déjà admise, que les producteurs du feuilleton « Plus belle la vie » en ont imaginé une dans leur scénario. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que l’émission a scandalisé, bien au-delà du monde catholique.
Dans la série télévisée (suivie par plusieurs millions de téléspectateurs), l’un des personnages, en l’occurrence la dénommée Céline, se met en cheville avec une mère porteuse britannique, et avec l’aide d’une jeune doctoresse et d’une avocate charismatique, elle parvient à ses fins, dans l’allégresse générale.
Le Collectif pour le respect de la personne (CORP) avait saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel dès juillet, car ce feuilleton constitue tout simplement une apologie de la GPA. Une dizaine d’associations viennent à leur tour de saisir le CSA, dénonçant ce soutien télévisuel à une pratique pénalement sanctionnable.
Le problème, pour le CSA, pour France 3, pour le gouvernement, pour la justice, c’est que, parmi ces associations, il y a des groupuscules féministes habituellement mainstream, politiquement corrects, invités régulièrement un peu partout, et en principe encensés. Par exemple « Osez le féminisme ! », ou encore « Les Chiennes de garde ». Ces associations ne se placent pas sur le terrain de la morale, ni sur celui de la dérive matérialiste et totalitaire de telles pratiques. Mais leur féminisme les oblige à s’opposer à cette banalisation de l’exploitation financière du corps des femmes.
Acquisition de petites filles
« Cette pratique repose sur un système d’exploitation et d’instrumentalisation du corps des femmes et (…) relève de la vente d’enfants », explique la présidente du CORP. Les féministes ajoutent pour leur part qu’il pousse des femmes plus pauvres à se vendre « au profit des plus riches par le biais du tourisme procréatif, renouvelant les pratiques du trafic triangulaire » (une référence se voulant de gauche à la traite des noirs, aux XVIIe et XVIIIe siècles). Accepter la location de son ventre pour concevoir, développer, et donner la vie à un enfant qui sera ensuite remis, contre rétribution, à des tiers (en principe des couples d’hommes homosexuels), est infiniment plus grave que la prostitution, condamnée par ces mêmes féministes. Une GPA coûte actuellement plusieurs centaines de milliers d’euros, avec de nombreux « intervenants », et notamment une mère porteuse, une mère donneuse (sélectionnée sur catalogue), un « père » physiologique, les deux pères légaux (le père physiologique pouvant être l’un des deux). « Procréation de classe ! », s’indignent les féministes.
Le problème, c’est que des députés macroniens comme Aurélien Taché et Mounir Mahjoubi semblent bien soutenir la légalisation de la PMA. Le problème, c’est que le couple Fogiel s’est largement répandu dans les médias (il a fait la une de Paris Match) sur l’« acquisition », par ce biais, de deux petites filles. Le problème, c’est qu’un autre couple homosexuel, les animateurs de télévision Christophe Beaugrand et son « mari » laissent entendre dans Closerqu’ils sont en train d’organiser une GPA à leur profit.
Et le problème, c’est que l’IVG, la PMA sans père, le mariage entre personnes du même sexe, l’euthanasie, et aujourd’hui la PMA se situent dans une même logique. C’est ce que nous disent les Fogiel, et autres producteurs de « Plus belle la vie ». Et c’est ce que nous disons nous aussi, mais sans en tirer les mêmes conclusions. •
Francis Bergeron – Présent