Depuis vingt ans, le journal de dessin et de BD passe au crible de l’humour et de la dérision les travers de la société ivoirienne, responsables politiques compris.
Chez Gbich !, pas de jaloux, on tape sur tout le personnel politique, indifféremment. Dans un pays où la presse est très politisée, c’est assez rare pour être souligné. L’ADN du premier journal satirique de Côte d’Ivoire, c’est de « frapper fort » pour dénoncer, mais aussi de réconcilier les Ivoiriens, comme après la crise post-électorale de 2010-2011.
Zohoré Lassane, son directeur de publication, est fier de raconter que dans le pays, « les gens attendent la version de Gbich ! », lui qui, il y a un peu plus de vingt ans, a lancé le rappel des troupes de dessinateurs pour créer son journal d’humour et de bande dessinée.
En baromètre de l’ambiance du pays, le titre croque les dérives de la société, les relations hommes femmes, la religion à travers ses personnages : l’avide « biznessman » Cauphy Gombo ; le corrompu sergent Deutogo ; Jo Bleck, le séducteur impénitent et son équivalent féminin Gazou la Doubleuz ; Papou, le gamin faussement innocent ; ou encore Tommy Lapoasse, indécrottable malchanceux.
En deux décennies, Gbich ! a révélé nombre de jeunes talents et mis en lumière bien des dessinateurs. Mais a aussi fait naître un féminin, Go Magazine, devenu le premier du pays avec plus de 20 000 ventes par numéro, et Allo Police, un hebdo spécialisé dans les faits divers. Le groupe Gbich ! a même investi les mondes de la radio et du dessin animé et poursuit son action militante en étant membre du réseau international de dessinateurs de presse engagés Cartooning for Peace, qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés.