L’Express a commis un crime de lèse-Macronella…

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Après un article qui a déplu au cabinet de la première dame, le magazine L’Express publie cette semaine un droit de réponse du directeur de cabinet de Brigitte Macron. Le texte occupe une pleine page et, plus surprenant, critique “l’angle” retenu par la journaliste, non les informations factuelles qu’elle y racontait.

Page 43, dans L’Express ce 8 août, un droit de réponse pas comme les autres s’est fait une place. Un droit de réponse d’une pleine page. Pas un encart, ni un bas de page. Non, une pleine page. Son auteur ? Pierre-Olivier Costa, que le magazine présente dans son titre entier : “Conseiller spécial auprès du président de la République, directeur de cabinet de Mme Brigitte Macron”. Le conseiller du couple présidentiel réagit à un article intitulé : ” ‘Chère Brigitte’ : ces Français qui écrivent à l’Elysée”, publié le 25 juillet dans l’édition papier de l’Express et accessible en intégralité sur l’édition numérique du magazine.

En introduction de cet article, le magazine présentait ainsi la démarche de sa journaliste : “L’Express est allé à la rencontre de citoyens qui ont écrit à la première dame. A leur manière, ils racontent une histoire du pouvoir. Légèrement différente de la version officielle. Instructive”. Au fil de ses rencontres, la journaliste expliquait avoir constaté une certaine déception : “Absence de réponse, délais trop longs ou courriers imprécis renforcent le sentiment d’abandon d’une partie de la population”, écrivait-elle, racontant l’histoire de plusieurs Français déçus de leurs échanges avec les services de Brigitte Macron.

Mais cela, manifestement, ce n’est pas vraiment au goût du cabinet de la femme du président de la République, qui s’est donc fendu d’un long droit de réponse à destination du magazine. Dans son courrier, Pierre-Olivier Costa ne remet toutefois aucune des informations factuelles publiées par L’Express en cause ; non, “POC”, le pseudonyme Instagram de Pierre-Olivier Costa, ne fait qu’une seule chose : regretter l’angle retenu par la journaliste, coupable, à ses yeux, d’avoir choisi de parler des exemples “ratés”, et de ne pas avoir mentionné les nombreux retours positifs. “Moins d’une dizaine de personnes qui ont écrit à Brigitte Macron figurent dans cet article sur 73.000 courriers reçus en un an. Ce qui représente un panel, que vous avez estimé représentatif, de 0,01%”, commente le conseiller de Brigitte Macron, qui partage ensuite des extraits de lettres de personnes qui se disent satisfaites et reconnaissantes de l’intervention de Brigitte Macron. Il conclut par la demande de publication de l’intégralité de ce droit de réponse, “pour informer pleinement vos lecteurs et leur signaler ce que vous avez souhaité leur taire”, cingle-t-il.

L’Express défend sa journaliste, et trolle gentiment l’Elysée, en lui expliquant que le journalisme n’est pas de la com’
L’Express, qui introduit le droit de réponse de l’Elysée d’un : “les services de Brigitte Macron n’ont pas apprécié notre article”, défend, dans une note de bas de page, la “neutralité” et la “rigueur” de son enquête, et, surtout, renvoie le conseiller en communication dans ses 22, en expliquant avoir fait un “exercice d’information, différent de celui de communication”. Le magazine assure ensuite ne pas avoir le sentiment d’avoir “manqué d’impartialité”, et invite ses lecteurs à lire l’article sur son site internet … où l’article initial est toujours accessible, en intégralité, et n’est (pour l’heure) accompagné d’aucun droit de réponse.

D’un point de vue juridique, le “droit de réponse” est encadré par la loi de 1881 sur la presse, et est relativement encadré. Le contenu du droit de réponse doit en effet être en lien avec l’article, et, selon la jurisprudence, doit “avoir pour but de rétablir le caractère contradictoire d’une information et de permettre l’expression d’une personne physique ou morale mise en cause par un journaliste”.

 

 

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