Parmi les événements qui ont marqué ces derniers jours figurent les nominations aux principaux postes dirigeants de l’Union européenne après les élections du 26 mai dernier. Plusieurs séquences de négociations ont été nécessaires au sein du Conseil européen pour parvenir aux décisions annoncées le 2 juillet 2019. L’accord final n’a pu masquer l’opposition initiale entre le Président français et la Chancelière allemande confirmant ainsi la dégradation des relations entre les deux pays, mise au jour depuis plusieurs semaines et qui va à l’encontre des ambitions affichées par Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale et dans les mois qui ont suivi le début de son quinquennat.
Après deux ans de mandat, Guillaume Berlat, chroniqueur sur le site Proche & Moyen-Orient, présente un inventaire circonstancié de la politique étrangère du huitième président de la Vè République.
A entendre les discours du Président, celui-ci apparaît ou veut apparaître, au sein du cénacle des dirigeants du monde comme le champion de la lutte contre le réchauffement climatique, n’hésitant pas à pourfendre l’attitude du président des Etats-Unis. Or, dans un article publié sur le site Atlantico, Samuele Furfari montre l’avantage pris par les Etats-Unis dans le secteur des hydrocarbures avec l’exploitation du pétrole de schiste qui leur offre un ascendant dans leur antagonisme avec l’Iran ce qui ne plaide pas pour la transition énergétique vue du côté américain.
Moins médiatisé mais s’inscrivant dans la longue durée, le projet chinois de Nouvelle route de la soie est l’un des facteurs déterminants dans la reconfiguration de la géopolitique mondiale. Dans la dernière livraison de la revue Conflits (n° 22), Pascal Marchand nous présente un panorama de la situation de la Russie par rapport à ces liaisons eurasiatiques en cours de création et leurs débouchés.
Face à ces réalités et à leurs enjeux, les peuples européens paraissent s’abandonner à une peur millénariste, le réchauffement climatique avec sa préoccupation dérivée, la transition énergétique. Dans un article publié sur le site Atlantico, Vincent Bénard, en ce domaine, montre par une démonstration argumentée l’aberration du discours politique face à l’état des sciences et des techniques et leur potentiel d’évolution.
Emmanuel Macron et la politique étrangère : l’illusion et l’impasse
Si le discours médiatique tend à entretenir une forme d’autisme intellectuel des Français vis-à-vis de la politique d’Emmanuel Macron, intérieure comme extérieure, s’agissant de cette dernière le lecteur attentif de différentes analyses publiées perçoit avec force arguments que le Président est indûment crédité de quelconques succès. Il en va ainsi de la lecture de l’article de Guillaume Berlat paru le 1er juillet 2019 sur le site Proche&Moyen-Orient.ch, La diplomatie d’Emmanuel Macron au détecteur de mensonges… Avant d’évoquer les principaux traits de l’article, il paraît opportun de rappeler quelques définitions relatives à la politique extérieure d’un Etat faites par le même auteur, spécialiste des relations internationales, dans une précédente publication sur le même site, le 1er mai 2017, En marche avec une étrange politique étrangère… Guillaume Berlat y distinguait la politique étrangère de la diplomatie (Les caractéristiques d’une authentique politique étrangère). Une authentique politique étrangère se reconnaît à sa déclinaison en termes clairs, compréhensibles par tous : « Une politique qui veut en être une ne se satisfait ni des velléités, ni des équivoques »… Il est évident que la politique étrangère se différencie de la diplomatie. Pour Gabriel Robin : « Une politique étrangère vaut par la cohérence de son dessein, une diplomatie par l’agilité de ses mouvements ». Une diplomatie doit être mise au service de plus grand qu’elle- même : une politique étrangère. Alors que la politique étrangère – art de conception – doit être simple, la diplomatie – art d’exécution – est compliquée. On attend de la première qu’elle garde son cap, de la seconde qu’elle manœuvre habilement.
Les termes étant ainsi posés, quel bilan Guillaume Berlat tire de la politique extérieure d’Emmanuel Macron après deux ans de présidence, y compris, bien sûr, par rapport à l’Union européenne ? Si le propos est tranchant, il n’en reflète pas moins une réalité, dure pour notre pays : Muni du lourd héritage de notre ex-directrice de l’ENA, ex-ministre des Affaires européennes qui lui ont toujours été étrangères, Emmanuel pèse de moins en moins dans les cénacles bruxellois et strasbourgeois. Il en est réduit à jouer un rôle qui lui convient à merveille, celui de roquet, de mouche du coche. Certes, l’article a été mis en ligne à la veille des nominations intervenues à la tête des institutions européennes. Si Christine Lagarde a été nommée à la présidence de la Banque centrale européenne, malgré les suppositions, nul ne peut présager aujourd’hui des évènements auxquels elle devra faire face et de l’action qu’elle conduira face à ceux-ci. Si Manfred Weber a bien été écarté de la présidence de la Commission européenne, l’élue, néanmoins, est allemande, membre du gouvernement et de la CDU, le parti de la chancelière et de son successeur probable. Au-delà de ces deux constats, il faut observer que l’influence d’un Etat au sein des institutions européennes se mesure par les attributions dévolues aux commissaires européens et aussi, entre autres, par la nationalité des différents directeurs et leurs domaines de compétence. Là, loin le temps où il y a quelques décennies, l’ascendant français était notable.
Au regard du rejet par Emmanuel Macron de la candidature de Manfred Weber, Guillaume Berlat souligne : Il n’existe désormais que par sa capacité de nuisance et par son obligation de s’allier au diable (le forban, Viktor Orban) pour s’opposer à Angela Merkel. La « Grande Nation » n’a de grand que le nom. Emmanuel Macron confond gagner une bataille (celle contre le système des « Spitzenkandidaten », qui prévalait depuis 2014, et selon lequel le parti arrivé en tête des élections européennes envoyait son chef de file à la présidence de la Commission.) et gagner la guerre contre l’Allemagne (celle de la prééminence et de l’influence au sein de la machinerie européenne qu’elle n’est plus en mesure de lui contester tant ses faiblesses sont criantes). Et d’ajouter : Force est de constater qu’Emmanuel Macron n’a barre ni sur Berlin, (le couple franco-allemand fait chambre à part en dépit du traité d’Aix-La-Chapelle), ni sur le fonctionnement de l’Union (plus personne n’ose prononcer le nom de Sorbonne dont le discours de l’automne 2017 devait constituer l’acte I de la refondation de l’Europe).
Commentant ces nominations, Edouard Husson dans un article publié sur le site Atlantico le 3 juillet : (Europe : Macron et Merkel réussissent un joli retournement de situation. Et placent Christine Lagarde au pied d’un énorme défi,) remarque : …les médias pourront dire ce qu’ils veulent, Emmanuel Macron est le grand perdant de cette négociation et Angela Merkel montre qu’elle n’a pas perdu la main. Hier soir, Emmanuel Macron était dans une impasse. C’est la Chancelière qui lui a permis de s’en sortir en lui donnant l’occasion de soutenir, pour la présidence de la Commission Européenne, une candidate allemande qui puisse faire consensus.
Après l’Union européenne, Guillaume Berlat aborde les relations avec les Etats-Unis et la Russie. Il montre là aussi la vacuité de la politique d’Emmanuel Macron en rappelant que : Peu après sa prise de fonctions, Emmanuel Macron s’est présenté comme l’interlocuteur incontournable des deux Supergrands. Seuls Donald Trump et Vladimir Poutine (et encore) étaient de son niveau, le reste n’était que valetaille et consorts. En fait, Donald Trump qui s’affranchit allégrement des traités signés par son pays (l’accord de Vienne avec l’Iran du 14 juillet 2015 et la COP 21) comme si les traités n’étaient pas faits pour le peuple à la destinée manifeste… considère notre président comme quantité négligeable.
Rappelant la manière blessante avec laquelle Emmanuel Macron avait agi vis-à-vis de Vladimir Poutine lorsqu’il l’avait accueilli à Versailles, le 29 mai 2017, Guillaume Berlat montre comment le Chef de l’Etat, confronté aux réalités, se trouve dans l’obligation de corriger sa politique. La France a pris la présidence semestrielle du Conseil de l’Europe (17 mai 2019 au 27 novembre 2019) dans un contexte de suspension des droits de vote de la délégation russe au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) après l’annexion de la Crimée et la crise ukrainienne. Or, Le 23 juin 2019, l’APCE rend possible le retour de la délégation russe après cinq ans de crise institutionnelle successive à la crise ukrainienne. Ce qui conduit l’auteur de Proche&Moyen-Orient.ch a observé : Le moins que l’on puisse dire est qu’il va à Canossa pour éviter que Moscou déserte définitivement le Palais de la paix à Strasbourg où siège la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). … Paris espère une relance prudente des relations avec Moscou. C’est que l’on ne peut se fâcher avec la planète entière si l’on veut jouer un rôle de médiateur crédible !
Enfin, dernier volet de cette vacuité de la politique étrangère d’Emmanuel Macron : la Syrie. La superbe arrogance française. Syrie, voilà encore un dossier sur lequel Emmanuel Macron a poursuivi avec les errements coupables de ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande… Faute de dialoguer avec l’Iran, la Russie et la Turquie, Emmanuel Macron en est réduit à jouer les imprécateurs, les oiseaux de mauvais augure. Il ignore manifestement que la diplomatie n’est pas un long fleuve tranquille. Si Donald Trump a bien analysé la situation, La guerre conduite par les Occidentaux est perdue. Elle a été remportée par les Russes, il rapatrie donc les forces américaines présentes dans le pays. Mais, le Président se berce d’illusions en maintenant quelques forces spéciales sur le terrain et en pensant à la reconstruction. Tout ceci n’est pas très sérieux. Faute d’avoir su faire marche arrière suffisamment tôt, la diplomatie française se paie de mots en Syrie et dans la région.
Ces dissections de la politique étrangère d’Emmanuel Macron ne sont guère à la Une des médias audiovisuels, œuvrant ainsi pour l’autisme intellectuel évoqué précédemment. Alors, Arnaud Benedetti apporte peut-être une conclusion de circonstance dans un article publié par Figarovox, le 3 juillet 2019 (Conseil européen : « Le retour du Macron Show ! ») avec le paragraphe introductif suivant : Le « Macron show » est de retour. Ainsi va la com’ sous Emmanuel Macron. Elle ne saurait cadenasser la nature profonde du Prince. En quelques clichés postés sur le compte Twitter de l’Élysée, la machine spectaculaire s’est remise en marche. Quelques soubresauts dans les sondages, une non-défaite aux élections européennes transformée – miracle communicant ! – en quasi-victoire… auront suffi pour réamorcer la pompe à la théâtralisation.
La nouvelle donne énergétique américaine et le rapport de force établi avec l’Iran
L’article publié par Samuele Furfari, professeur de géopolitique de l’énergie à l’Université libre de Bruxelles, sur le site Atlantico, le 2 juillet 2019, intitulé Cette arme secrète des Etats-Unis dont les Iraniens ne semblent pas avoir conscience, présente un double intérêt. D’une part, il démontre l’utopie que représente la promesse d’abandon des énergies fossiles à relativement court terme ; d’autre part, il explique comment la redistribution de la production d’hydrocarbures, notamment au bénéfice des Etats-Unis, modifie la géopolitique mondiale. En l’occurrence, l’évolution présente joue en défaveur de l’Iran au regard des menaces américaines.
En premier lieu, l’auteur dresse un tableau catégorique : Non, la nouvelle situation énergétique mondiale n’est pas la décarbonisation, qui n’existe d’ailleurs pas puisque les émissions mondiales de CO₂ ont augmenté de 1 % par an entre 2007 et 2017 et de 2% entre 2017 et 2018. La nouvelle situation mondiale est celle de l’abondance des énergies fossiles et de leur meilleure répartition que dans le passé.
Il relate ensuite l’historique du processus qui a conduit à l’exploitation par les Etats-Unis de leurs ressources en pétrole et en gaz de schiste (ce vocable étant inapproprié puisqu’il s’agit d’hydrocarbures extraits directement de la roche-mère). Il souligne que cette ressource nouvelle est due à la ténacité d’un homme, Georges Mitchell, qui, malgré les vicissitudes rencontrées a finalement connu le succès, offrant ainsi un nouvel atout à son pays. Les Etats-Unis sont devenus aujourd’hui le premier pays producteur de pétrole dans le monde. Ainsi, en 2018 les États-Unis ont produit près de 15,3 millions de barils par jour (Mb/j) d’hydrocarbures liquides dépassant de plus de 3 Mb/j le géant historique, l’Arabie saoudite (12,3 Mb/j). Ils sont devenus aussi un exportateur majeur de gaz naturel ; 35% du gaz de schiste américain est livré dans l’UE, où il représente 13% des importations européennes de gaz.
Dans ces conditions, du point de vue des hydrocarbures, là où les exportations sont essentielles pour l’Iran, le rapport de force avec les Etats-Unis est maintenant asymétrique. Samuele furfari nous rappelle qu’en 1979, l’Iran produisait 8,3% du pétrole mondial ; en 2018 cette part est tombée à 5%. Au temps du Shah, l’Iran vendait 5,6 Mb/j de pétrole, la République islamique a dû se contenter l’an dernier d’une exportation de 2,8 Mb/j – la moitié ! En mai 2019, la pression exercée par le président américain a été telle que le pays n’a exporté que 400 000 b/J.
L’abondance des ressources en hydrocarbures, la diversité des sources, les richesses propres aux Etats-Unis et les moyens de rétorsion monétaire dont ils disposent, leur permet ainsi de conduire un processus d’étranglement économique progressif de l’Iran islamique. En considérant cette approche, il apparaît que l’action militaire, au-delà des menaces proférées, présenterait pour les Etats-Unis compte-tenu des conséquences, des inconvénients majeurs, au vu de l’objectif recherché et des voies possibles pour y parvenir. En revanche, il faut s’interroger sur l’attitude de l’Iran, pris au piège dans cette épreuve de force et qui ne dispose pas de véritables alliés prêts à épouser son parti.
La nouvelle route de la soie et la géopolitique de l’espace eurasiatique
Si, l’étendue des ressources en hydrocarbures qu’ils concentrent et l’aire de conflits qu’ils représentent focalise sur le Proche et le Moyen-Orient une large part de l’attention portée à l’évolution de l’équilibre mondial, l’émergence de la Chine au rang de deuxième puissance économique mondiale en un peu moins de trois décennies est certainement le bouleversement géopolitique majeur du tournant du XXIè siècle. Rivée à l’idée d’une puissance russe certainement surestimée au temps de l’URSS, qui est aujourd’hui disparue et obsédée par des considérations idéologiques à l’encontre de Vladimir Poutine en cours de son dernier mandat, une oligarchie occidentale s’avère incapable d’analyser la situation présente dans sa réalité. A l’aube du XXè siècle, Halford Mackinder voyait en la Russie, maîtresse de l’Asie centrale, une menace pour la puissance britannique. Il théorisait ainsi le Grand jeu de Rudyard Kipling. Aujourd’hui, la Russie est flanquée à l’est de la Chine, économiquement dominante, dont l’objectif est de constituer un vaste réseau de routes commerciales afin d’acheminer vers l’Europe une part de sa production industrielle. Pour l’Empire du milieu, la Russie, dotée par ailleurs d’amples ressources en hydrocarbures, est cette espace intermédiaire, sûre, que doit traverser la partie terrestre de ce réseau.
A cet égard, l’article de Pascal Marchand dans le numéro 22 de la revue Conflits, Vers une nouvelle Eurasie ? est une contribution particulièrement intéressante. Prendre le vent chinois dans les voiles russes, l’auteur reprend cette formule de Vladimir Poutine qui illustre parfaitement la teneur de l’article et la réalité de la situation russe dans ce nouveau Grand jeu.
Pascal Marchand offre tout d’abord au lecteur un ensemble de données sur le volume des échanges et leur évolution qui transite par le réseau terrestre eurasiatique. Pour ce volume, l’unité de mesure est l’EVP (Equivalent vingt pieds, longueur de référence pour les conteneurs correspondant à une longueur de 6,096 mètres). En 2010, le trafic ferroviaire entre la Chine et l’Europe s’élevait à 6 900 EVP, il a atteint 500 000 EVP en 2018 avec un déséquilibre dans le sens des trafics : en 2017, 2 399 trains ont parcouru le réseau d’est en ouest contre 1 274 dans le sens contraire. Certes, il s’agit d’un trafic nettement inférieur à la voie maritime, un train ne pouvant acheminer que l’équivalent de 80 EVP contre 15 000 à 21 000 pour un porte-conteneurs. Malgré son coût, la liaison terrestre présente deux avantages : sa fréquence, d’une part le fait, d’autre part que les marchandises sont livrées directement au centre du continent européen.
Dans ce contexte, l’auteur montre qu’il y a loin d’une concurrence entre les puissances russes et chinoises. Au contraire, La force militaire russe contribue à sécuriser les investissements chinois et Moscou a besoin d’eux dans la région pour garantir la paix sociale à ses frontières. Tous les acteurs régionaux tirant donc profit de l’action stabilisante de l’autre.
Ce réseau offre aussi à la Russie une autre opportunité possible, peut-être essentielle si elle se réalisait. La création d’un axe Chine-Amérique à travers la mer de Barentz qui raccourcirait considérablement le trajet Shangai-New-York. Pascal Marchand présente les options possibles et les difficultés techniques pour certaines d’entre elles. Enfin, le géographe, professeur à l’université de Lyon, se penche sur ce qu’il appelle la Route maritime du Nord, qui longe la cote russe au sud de l’Arctique qui pourrait être notamment une voie de transport pour le gaz naturel liquéfié (GNL), produit par la Russie.
Quel avenir pour la transition énergétique ?
Au-delà des préoccupations précédemment évoquées, les peuples européens, sous l’influence des médias, cultivent la peur du réchauffement climatique et d’un cataclysme planétaire. La voie du salut se trouverait dans une hypothétique transition énergétique pour laquelle nos dirigeants politiques, faisant fi de l’état des sciences et des techniques, annoncent, échéances à l’appui, des innovations susceptibles de transformer, pour notre plus grand bien, nos modes de vie.
Dans un article publié le 4 juillet sur le site Atlantico, Pourquoi une énergie décarbonnée est techniquement inconcevable et économiquement insoutenable, même à horizon 2050, Vincent Bénard fait litière d’un ensemble d’affirmations et d’annonces.
D’emblée, il fixe le cadre de la réflexion : Tout d’abord, aujourd’hui, le photovoltaïque et l’éolien fournissent 2% de la consommation finale d’énergie, et les énergies fossiles 84%. Pour passer de presque rien à 2%, les investissements mondiaux dans l’éolien/solaire ont totalisé près de 2000 milliards de dollars depuis deux décennies. La somme nécessaire pour remplacer 84% d’énergies fossiles par des renouvelables n’est même pas calculable, d’autant plus que la demande énergétique va continuer de croître vigoureusement.
S’agissant des énergies renouvelables, d’origine éolienne ou solaire, il précise : En matière éolienne, la loi de Betz démontre qu’une éolienne ne peut pas capter plus de 60% de l’énergie du vent : les meilleures éoliennes actuelles réussissent déjà à en convertir 45% : la marge de progression est faible. Et le même constat vaut pour le solaire… Le solaire et l’éolien n’étant pas pilotables, leur déploiement à grande échelle ne peut se faire sans moyens de stocker l’énergie produite lors des creux de consommation.
Or aujourd’hui, les contraintes techniques ne permettent pas le stockage de l’énergie dans des conditions économiques acceptables : Stocker autant d’énergie que dans un baril de pétrole brut (environ 1500 Kwh) dans des batteries lithium/ion de type Tesla, pourtant les meilleures disponibles à ce jour, nécessiterait 9 tonnes de ces batteries et coûterait plus de 200 000 dollars. Un fût capable de stocker les 159 litres du baril de pétrole en coûte 20.
A la question Quelles sont les solutions technologiques qui pourraient efficacement relayer les fossiles ? La recherche fondamentale va-t-elle dans ce sens ? Il répond : Les scientifiques n’ont pas encore découvert quelque chose d’aussi remarquable que les hydrocarbures en termes de compromis entre coût raisonnable, densité énergétique correcte, stabilité, sécurité, portabilité, et versatilité. Et lorsqu’ils le découvriront, il restera encore à l’industrialiser.
Vincent Bénard déplore donc l’attitude de dirigeants politiques qui par la seule magie du verbe pourront bouleverser la marche de la science : Les politiciens qui prétendent transformer leurs croyances en “plan” – la fameuse “prétention fatale” conceptualisée par Hayek- n’écouteront que les flatteurs qui leur disent que c’est possible (qui leur demanderont des budgets, des marchés publics, des subventions), minimiseront les difficultés et exagèreront les bénéfices attendus.
Michel Leblay – Polémia