Yves Roucaute (Valeurs Actuelles) : «La question des migrants, c’est pas une question nationale, c’est une question internationale, en ce qui concerne précisément ce qui se passe aujourd’hui en Italie. Si vous regardez ce qui se passe en Italie … On est au G20, là. Pourquoi est-ce qu’il n’en a pas parlé ? Il n’en a pas parlé comme il aurait dû en parler : stratégiquement.
Concrètement, vous avez aujourd’hui entre 80 000 et 100 000 personnes qui ont débarqué en Italie. Concrètement, ces gens-là ils viennent d’où ? Ces gens-là viennent du Soudan, du Nigéria, du Bangladesh, etc. Ils viennent de là, quand on regarde l’origine de ces gens-là, qui traversent, qui passent notamment par la Libye. Donc, on a un vrai problème. Là, au G20, il faut savoir qu’il y a pas simplement 20 Etats, il y a aussi par exemple la Banque Mondiale. La Banque Mondiale, c’est 5 institutions qui sont présentes au G20, notamment l’association de développement international de la Banque Mondiale. Cette association de développement international donne environ 52 milliards pour aider le Bangladesh, pour aider le Nigéria, etc. Donc, si vous voulez, moi j’aurais aimé qu’on pose les questions à l’endroit, c’est-à-dire, comment on va aider concrètement ces pays d’Afrique à garder ces individus, parce que, et je termine là-dessus, c’est une question stratégique pour la France !
Je veux bien entendre tous les Bisounours qui nous rappellent qu’il faut avoir du coeur, il faut les laisser passer, et tout, mais c’est pas le problème ! Je vais être presque cynique-moraliste, ces gens-là ce sont des jeunes, ils quittent un territoire qui a besoin de ces jeunes-là. Ils s’en vont pour des raisons économiques. On sait que quand on donne de l’argent à ces Etats, en raison de la corruption il y a pas grand chose qui arrive à ces populations. Donc, moi j’aurais voulu, très concrètement, que le Président de la France, nous sommes la plus grande puissance africaine, il ne faut pas l’oublier qu’on parle de stratégie … C’était notre rôle stratégique de poser cette question-là, nous sommes la première puissance africaine, c’est de dire – il y a l’Afrique du Sud entre parenthèses qui est aussi là – C’est de dire à ces gens-là concrètement : «Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider, non pas en donnant de l’argent aux Etats, mais pour aider les communes, pour aider les entreprises». La seule qui a fait ça, c’est quand même pas normal, c’est la fille de Trump, qui a dit qu’il fallait développer l’entreprenariat en Afrique, et elle a raison ! Parce que c’est comme ça que ça passe, développer les entreprises, aider la créativité. Pourquoi la France, première puissance, n’est pas capable de tenir un discours stratégique sur ces questions-là ?»