Pour 73% des Français, notre société est liberticide!

Il est heureux de constater que les Français ne sont pas dupes du monde qui se prépare, et dont les nouvelles libertés de façade ne sont que les prisons mentales de demain.

Viavoice, en partenariat avec La Revue civique, vient de publier une étude d’opinion intitulée « Les Français et les libertés individuelles ». Selon l’étude, 67 % des Français jugent qu’il y a « de plus en plus d’interdits, de surveillance et de contraintes dans la vie quotidienne ». Plus inquiétant encore, ils sont 73 % à penser que les interdits sont trop nombreux. La société contemporaine a ceci de paradoxal qu’elle érige les libertés individuelles au-dessus de tout, en particulier au-dessus de la tradition et de la décence commune, tout en multipliant les contraintes les plus absurdes. Contraintes générées par les yeux de Moscou des temps présents : Big Mother, Big Other et Big Brother.
Ces trois expressions incarnent des totems et des tabous. Big Mother représente la notion d’hygiénisme (in)sécuritaire, son totem est le bien-être, son tabou est le plaisir. Big Mother vous recommandera de manger 5 fruits et légumes par jour, et si vous ne vous y soumettez pas, elle créera une application pour téléphones mobiles qui vous culpabilisera en vous prédisant un cancer dans l’année.
Big Other incarne la religion de l’autre, son totem est le « respect », son tabou est la vérité. Big Other vous fera privilégier l’autre au proche, et si vous ne vous soumettez pas, il vous culpabilisera en déclarant que vous êtes un coupable ontologique de l’histoire humaine, car occidental ou de sexe masculin.
Big Brother représente l’hédonisme sécuritaire, son totem est la sécurité, son tabou est la liberté. Big Brother vous dira, à la manière de Christian Estrosi lors des débats au Parlement concernant la loi Renseignement, qu’il faut parfois « renoncer à certaines libertés pour sauvegarder la liberté ».

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Ces trois principes, en paraphrasant Michel Houellebecq, participent aux extensions des domaines du crétinisme et de la censure. L’extension perpétuelle du crétinisme alimente la censure.
L’individualisme réduit les libertés individuelles car tout un chacun peut revendiquer son privilège narcissique pour censurer l’autre. Ainsi en est-il au Québec, selon Mathieu Bock-Côté, éditorialiste et sociologue, avec un projet de loi permettant à n’importe quel individu « vexé par un propos identifiant d’une manière ou d’une autre un groupe religieux, culturel, sexuel ou politique » de « saisir la commission dans l’espoir de faire taire celui qui l’embête ».
En somme, nous entrons dans l’ère de la surveillance de tous par tous, et parfois auto-infligée par nous-mêmes, avalisant de fait une sorte de soft totalitarisme nourri des sentiments les meilleurs. La dictature du « bien », y compris celui dont vous ne voulez pas. Nous sommes totalement infantilisés par un pouvoir mécanique et déshumanisé. À quand l’« appli mobile » envoyant une décharge électrique à son possesseur en cas de juron prononcé à voix haute ?
Les résultats présentés par Viavoice sont donc réjouissants. Il est heureux de constater que les Français ne sont pas dupes du monde qui se prépare, et dont les nouvelles libertés de façade ne sont que les prisons mentales de demain. La multiplication des normes, interdits, lois et tabous en tout genre ne fait que confirmer ce propos. Charlie sera-t-il malgré lui le symbole d’une société ayant pris un virage ultra-liberticide ?

Gabriel Robin – Boulevard Voltaire

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