Il est inadmissible que presque trois ans plus tard l’on ne sache toujours pas ce qui est advenu!
Un recours en justice avait été déposé par des familles des victimes du 13 novembre pour comprendre l’inaction de la force Sentinelle pendant l’attaque du Bataclan. Elles veulent savoir pourquoi les militaires présents près de la salle de spectacles le soir des attentats ne sont pas intervenus et ont uniquement sécurisé le périmètre.
“C’est sans doute le point le plus inexplicable qui mérite des éclaircissements. Lorsque les fonctionnaires de la BAC (Brigade anti-criminalité, ndlr) sont à l’angle du boulevard Voltaire, ils vont essuyer des tirs de kalachnikov par l’un des trois terroristes. Ils ne sont pas en mesure de riposter, ils n’ont que des fusils à pompe. A ce moment-là, il y a huit militaires de la force Sentinelle qui sont sur les lieux. Quatre près d’eux et quatre derrière.
Les policiers de la BAC demandent aux militaires d’engager le feu. Ces derniers n’ont pas cet ordre. Les policiers appellent le poste de commandement de la préfecture de Paris. Ils ont eu pour réponse, aucun ordre d’engager le feu nous ne sommes pas en zone de guerre, négatif.
“Pendant ce temps-là au Bataclan les coups de feu continuaient. Les fonctionnaires de police étaient tellement impuissants, ne supportant pas cette situation, ont demandé aux militaires de leur prêter leur Famas, leur fusil arme longue. Les militaires n’ont pas le droit de le faire et ont à nouveau refusé.
Pour en savoir un peu plus, j’ai auditionné le gouverneur militaire de Paris. Il a eu des réponses assez étonnantes devant notre commission d’enquête. ‘On n’entre pas dans une bouteille d’encre’, c’est-à-dire on n’entre pas dans un lieu où on ne sait pas ce qu’il y a derrière. Or, on entendait à ce moment-là les coups de feu. ‘Il est impensable de mettre des soldats en danger, dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres personnes’, a-t-il même ajouté. Donc, ils n’ont pas vocation à se jeter dans la gueule du loup.
Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a été formel sur ce point. C’est l’autorité civile qui est le seul commandement de la chaîne. Les militaires sur le territoire national sont sous les ordres de l’autorité civile. Donc l’ordre d’engager le feu pour les militaires ne pouvait venir que la préfecture de police de Paris, placée directement sous les ordres du ministre de l’Intérieur”.
Ce recours n’ayant curieusement pas abouti, un autre vient d’être déposé.
Etrange aussi que la commission d’enquête dirigée par Grorges Fenech n’ait pas éclairci ce point…