Valhardi, un héros à redécouvrir!

Qu’il nous soit permis de penser que les albums du duo Paape-Charlier ne sont pas les moins réussis de la série. Et c’est justement ceux-ci que les éditions Dupuis viennent de rééditer dans le cadre de la publication intégrale des albums. Ce tome III présente dans une belle qualité les albums : Le Château maudit, Le Rayon super-gamma et La Machine à conquérir le monde. Heureuse initiative, les dernières rééditions datant de 1981 et 1982 ! En amuse-bouche, l’éditeur nous offre une série à suivre qui avait dû attendre 1987 pour paraître en album : Jean Valhardi et les êtres de la forêt, mais dans une version remaniée. Les puristes seront donc heureux de découvrir ici la version originelle, telle qu’elle a été publiée de janvier 1950 à février 1951 dans le Journal de Spirou.

Le Château maudit

Quand paraît Le Château maudit, les albums ne se comptent pas encore par centaines au sein de la maison Dupuis. Le catalogue ne comprend que cinq Lucky Luke, six volumes des Aventures de Spirou et autant des Histoires vraies de l’oncle Paul, deux de Surcouf et trois de Blondin et Cirage. Cela ne fait pas si longtemps que la « vieille » maison Dupuis s’est laissée convaincre que les histoires à suivre publiées dans ses périodiques pouvaient connaître une seconde vie en albums. Le Château maudit sera un titre particulièrement marquant, malgré une trame parfois décousue. Comme le rappelle l’introduction à ce troisième tome de l’intégrale, il « terrifia toute une génération de lecteurs, au point d’être élevé au rang de classique », ce qui pouvait d’ailleurs « agacer Eddy Paape, son dessinateur, chagrin qu’on résume une carrière de presque soixante ans à ce seul titre ». Valhardi mérite d’être relu aujourd’hui. Comme de nombreux fils adoptifs de Jijé, il est à des années lumière des anti-héros de la bande dessinée actuelle. Caricatural, notre grand blond au coeur pur ? Peut-être. La bande-dessinée belge de ces années 1950 est alors particulièrement sensible à l’influence américaine. Souvenons-nous que Jijé était parti pour un long voyage américain en 1947 avec, dans ses bagages, quelques futures « pointures » : Franquin, Will et Morris. Périple qui ne fut pas néfaste à la bande dessinée qui nous est chère, loin de là …

  • Valhardi, L’intégrale, Tome 3, éditions Dupuis, 312 pages, 35 euros.
  • Rappelons le Jean-Michel Charlier, par Francis Bergeron, Atelier Fol’Fer, 128 pages, 15 euros.

Pierre Saint-Servant – Boulevard Voltaire

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