Peindre le jardin moderne, de Monet à Matisse est un documentaire sur le thème de l’exposition du Cleveland Museum of Art et de la Royal Gallery of Arts de Londres. Il explicite sa démarche, présente les principaux artistes et leurs œuvres. Le défi consiste pour ce type de film à réussir à construire un cheminement dynamique du propos. Peindre le jardin moderne, de Monet à Matisse est fondamentalement construit comme un cours d’histoire de l’Art – et un bon cours – en usant à bon escient des moyens du cinéma, qui permettent de multiplier les intervenants, les lieux, les différents plans sur les œuvres.
Le propos insiste heureusement sur ce qu’il y a de plus beau dans l’exposition, selon nous, à savoir Monet et les impressionnistes. Cela n’est pas d’une originalité folle, mais peut, nous en avons fait l’expérience, réussir à intéresser une personne qui a déjà beaucoup vu ou lu sur la question.
Monet a été un véritable passionné d’horticulture, a fait preuve d’une excellente maîtrise dans cet art et a été autant jardinier que peintre. Il a sélectionné soigneusement les essences de plantes, parfois exotiques, ce qui, pour l’époque, manifestait une recherche certaine, afin d’organiser les couleurs dans ses jardins. Monet n’a pas toujours été riche ; mais il a toujours cherché à dessiner, planter lui-même tous ses jardins, y compris les premiers, fort réduits, des petites maisons louées à proximité de Paris. Son œuvre majeure, le jardin de Giverny, est le fruit de longues réflexions et travaux ; Monet a réussi à recréer des effets exceptionnels de grands parcs sur une surface somme toute réduite.
De grands artistes tels que Van Gogh, Bonnard, Sorolla, Sargent, Pissarro et Matisse ont tous perçu les jardins comme un sujet artistique pertinent. Le jardin est ici compris en un sens parfois fort large, qui serait plutôt celui de paysage fleuri. Mais de nombreux jardins au sens propre et entier, possédés et aménagés par ces artistes, ou du moins peints par eux, ponctuent le propos. Aux tableaux majeurs de l’exposition correspondent des excursions filmées, avec une juste lenteur qui permet au regard du spectateur de s’imprégner de ces environnements colorés, imitant, autant que faire se peut, le regard des peintres.
Les œuvres proposées relèvent de courants artistiques fort divers des années 1850 à 1920, avec une domination, esthétiquement justifiable et justifiée, de l’impressionnisme et du postimpressionnisme. Les recherches « modernes » du début du XXème sont à notre goût moins belles, moins intéressantes. Monet n’annonce pas Pollock. Même si l’on ne partage pas du tout ces envolées lyriques de fin de documentaire, l’amoureux de peinture et des jardins passe un excellent moment avec Peindre le jardin moderne, de Monet à Matisse.