J’aime beaucoup Benoît Duteurtre, il a de la finesse. C’est une sorte de Zemmour qui aurait une sensibilité artistique. Il prend les choses par le bout de la lorgnette et ouvre des perpectives avec ces petits faits vrais.
Musicologue, amateur d’opérettes, il déplore l’abandon par les scènes officielles et subventionnées du répertoire français antérieur à 1940 pour des auteurs étrangers prétendument à l’avant-garde. On sait ce que c’est : rien ne sombre plus vite dans le ridicule snob qu’une avant-garde.
Pour lui, c’est une manière inconsciente (ou peut-être consciente, d’ailleurs) de punir la France de la défaite de 1940 et de Vichy en oubliant ce qui a existé avant. Il rappelle que Maurice Chevalier était connu aux Etats-Unis et qu’on serait bien en peine de trouver l’équivalent aujourd’hui.
L’usage de l’anglais, langue qui ne sera bientôt plus parlée par aucun pays de l’UE (sauf l’Irlande), comme langue de travail de l’européisme, prouve que l’UE est un mensonge : pas une construction européenne mais un mécanisme de soumission aux Etats-Unis. C’est dans les colonies que la langue commune est une langue étrangère. Ces histoires de langues ne sont pas anecdotiques, souvenez vous du « Volapük intégré ».
Si l’UE était conforme à l’esprit européen, elle serait scandalisée d’utiliser une langue étrangère et ne rechignerait pas au coût, certes conséquent, de la multi-traduction. Ou alors, elle prendrait comme langue commune le latin, ça aurait de la classe.
Il y a aussi un article très bien vu sur la baisse de qualité du son à cause du numérique. Le son du portable et du CD ne vaut pas celui du téléphone analogique et du e vinyle. Duteurtre tire vers la critique du low-cost : le service auparavant considéré comme normal devient une option de luxe. Il en profite pour latter les cars Macron. Bref, le service moyen s’est dégradé. Il aurait pu ajouter tous les inconvénients de la liseuse électronique par rapport au bon vieux livre. Autrement dit, le « progrès » est plutôt, ces derniers temps, une dégradation.
Pour vous dire à quel point Duteurtre est un vicieux à rééduquer d’urgence, il faut vous avouer une chose horrible : c’est un fumeur.
Au fait, pourquoi préfère-t-il rester chez lui ? Parce que, dans notre monde d’autistes narcissiques, l’art de la conversation se perd, on entasse les monologues à plusieurs.