L’école veut son “campus oxfordien” au cœur de Paris. Elle lorgne sur un nouvel immeuble à plus de… 100 millions d’euros.
Frédéric Mion veut créer “une sorte de campus oxfordien” au centre de Paris pour faire face à la hausse croissante du nombre d’étudiants et rationnaliser ses implantations. Pour cela, il lorgne sur l’hôtel de l’Artillerie, situé place Thomas d’Aquin (7ème arrondissement), que le ministère de la Défense cherche à céder. Ce gigantesque ensemble immobilier de 15.000 mètres carrés est composé de trois immeubles dont un bâtiment du 17ème siècle incluant un cloître. Selon les derniers rapports budgétaires, l’hôtel est estimé à 104 millions d’euros!
Financement par emprunt
L’idée serait de rassembler sur le site les services administratifs et de recherche de l’école, aujourd’hui éparpillés, de créer des logements étudiants et même de construire une nouvelle salle évènementielle. Mion assure que l’acquisition serait essentiellement financée par un emprunt contracté grâce à l’abandon des 14 immeubles que Science Po loue aujourd’hui dans Paris (6ème, 7ème et 13ème arrondissements) et qui lui coutent six millions par an.
L’hôtel de l’Artillerie viendrait s’ajouter à un patrimoine immobilier qui a déjà considérablement grossi sous l’ère Descoings pour atteindre 22.000 mètres carrés. Outre le siège historique de la rue Saint-Guillaume, l’ancien hôtel de Mortemart (1663), et l’hôtel de Cossé, au 56 rue des Saints-Pères, Descoings a racheté, en 2005, les anciens locaux de l’ENA, au 13 rue de l’Université, pour 46 millions, et, en 2011, l’hôtel particulier du 9 rue de la Chaise, pour neuf millions, un bâtiment que Sciences Po louait à EDF.
Descoings avait aussi mis sur la table 35 millions pour acquérir l’hôtel de Fleury (18ème siècle), au 28 rue des Saints-Pères, qui abritait le siège de l’Ecole des ponts et chaussées. Mais l’Etat avait préféré vendre à une foncière qui proposait presque le double. Qu’à cela ne tienne, Sciences Po a signé, en 2009, un bail de 18 ans avec le nouveau propriétaire pour occuper l’ensemble des 10.000 mètres carrés (à un loyer de 350 euros le mètre carré, inférieur de moitié au marché selon l’école) avec… une option d’achat à terme. Le Monopoly parisien de Sciences Po est décidément loin d’être terminé.