Les Rameaux et la présidentielle (Vidéo)

Le dimanche des Rameaux précède Pâques. Il célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un âne. La foule l’acclame en brandissant des rameaux et en criant : Hosanna !

Matthieu XXI, 8
Le peuple, en foule, étendit ses vêtements sur la route ;
certains coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route.
Les foules qui marchaient devant lui et qui suivaient, criaient :
« Hosanna au fils de David !
Béni soit celui qui entre au nom du seigneur !
Hosanna au plus haut des cieux ! »

Plurima autem turba straverunt vestimenta sua in via,
alii autem cædebant ramos de arboribus, et sternebant in via,
turbæ autem, quæ præcedebant, et quæ sequebantur, clamabant, dicentes :
Hosanna filio David,
benedictus, qui venit in nomine Domini,
hosanna in altissimis.

ὁ δὲ πλεῖστος ὄχλος ἔστρωσαν ἑαυτῶν τὰ ἱμάτια ἐν τῇ ὁδῷ,
ἄλλοι δὲ ἔκοπτον κλάδους ἀπὸ τῶν δένδρων καὶ ἐστρώννυον ἐν τῇ ὁδῷ.
οἱ δὲ ὄχλοι οἱ προάγοντες αὐτὸν καὶ οἱ ἀκολουθοῦντες ἔκραζον λέγοντες,
Ὡσαννὰ τῷ υἱῷ Δαυίδ·
Εὐλογημένος ὁ ἐρχόμενος ἐν ὀνόματι κυρίου·
Ὡσαννὰ ἐν τοῖς ὑψίστοις.

Jean XII, 12
La grande foule venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem ;
ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre. Ils criaient :
« Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! »

In crastinum autem, turba multa quæ venerat ad diem festum, cum audissent quia venit Jesus Jerosolymam,
acceperunt ramos palmarum, et processerunt obviam ei, et clamabant :
Hosanna, benedictus qui venit in nomine Domini, rex Israël.

Τῇ ἐπαύριον ὁ ὄχλος πολὺς ὁ ἐλθὼν εἰς τὴν ἑορτήν, ἀκούσαντες ὅτι ἔρχεται ὁ Ἰησοῦς εἰς Ἱεροσόλυμα,
ἔλαβον τὰ βαΐα τῶν φοινίκων καὶ ἐξῆλθον εἰς ὑπάντησιν αὐτῷ, καὶ ἐκραύγαζον,
Ὡσαννά· εὐλογημένος ὁ ἐρχόμενος ἐν ὀνόματι κυρίου, καὶ ὁ βασιλεὺς τοῦ Ἰσραήλ.

La fête des Rameaux
Les Évangiles synoptiques évoquent seulement des rameaux. L’Évangile de Jean est plus précis : selon Jean, ce sont des rameaux de palmiers, des palmes :
βαΐα τῶν φοινίκων en grec,
rami palmarum en latin.
C’est pourquoi dans d’autres pays, on parle de dimanche des Palmes. De même, en latin, la langue officielle de l’église catholique, ce jour porte le nom de Dominica in Palmis.

italien Domenica delle Palme
espagnol Domingo de Ramos
provençal dimenche di Rampau du latin Ramis palmæ
anglais Palm Sunday
allemand Palmsontag
grec Κυριακή των Βαΐων
le grec emploie le terme utilisé dans l’Évangile de Jean, en grec ancien : βαΐα τῶν φοινίκων (rameaux de palmiers, singulier : βαΐον) ; cependant, en grec moderne, le rameau d’olivier s’écrit κλαδί ελιάς.
Cette fête s’implante en Europe vers le VIIIe siècle : on se rend à l’église avec un rameau à la main. C’est une palme, un rameau de palmier ou un équivalent selon la végétation du lieu. En général il s’agit d’un rameau de buis, ou de laurier en Bretagne notamment. On appelle souvent ce dimanche Pâques fleuries car ce rameau de buis ou de laurier doit être fleuri. On disait aussi Pâques à buis en Picardie, ou bien Hozanne, Dimanche Ozannier dans le Limousin, Dimanche des Paumes en Lorraine (paume : variante de palme).
On décorait les croix de carrefour et des cimetières avec des rameaux : elle portait alors le nom de Croix Hosannière. Rabelais parle de la croix Osanière et écrit, en note :
En poictevin est la croix ailleurs dicte Boysseliere, pres laquelle au dimenche des Rameaux l’on chante. Osanna filio David etc.
On l’appelle aussi dans certaines régions croix Buisée, croix Boisée.

Par extension, les croix hosannières désignent les croix des cimetières.
Ces rameaux sont ensuite conservés plusieurs mois. Et le Mercredi des cendres, premier jour de Carême, on les brûle pour les réduire en cendres.

L’origine juive des Rameaux
Les rameaux de palmier et le mot “Hosanna” évoquent la fête juive des récoltes.
Les trois grandes fêtes juives sont :
– la Pâque : Pessah’
– la fête de la moisson (ou fête des semaines) Shavouôte, 50 jours après la Pâque (devenue la Pentecôte dans le christianisme)
– la fête de la récolte (ou fêtes des tentes, des cabanes, des tabernacles) la fête de Souccot (de soukka, hutte, cabane construite avec des branchages).
La fête de Souccot avait lieu à l’automne, après la récolte des olives, notamment. Elle se célèbrait sous des huttes de branchages, de rameaux.

Cette fête est présentée dans le Lévitique (XXIII, 39) :

Le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté les produits de la terre, vous irez en pèlerinage fêter Yahvé pendant sept jours. Le premier et le huitième jour seront jours de repos.

Le premier jour vous prendrez de beaux fruits, des rameaux de palmier, des branches d’arbres touffus et de saules des torrents, et vous serez dans la joie pendant sept jours devant Yahvé votre Dieu.

Vous ferez ce pèlerinage pour fêter Yahvé sept jours par an. C’est une loi perpétuelle pour vos descendants. C’est au septième mois que vous célébrerez cette fête.

Vous habiterez sept jours sous des huttes. Tous les habitants d’Israël habiteront sous des huttes, afin que vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des huttes les enfants d’Israël lorsque je les fait sortir d’Égypte.

hosanna

Hosanna !
C’est ainsi que s’exclamaient les Juifs, avec leurs rameaux composés de palmes, de myrtes mais surtout de saules, en procession lors de la fête de Souccot. En fait, ce cri reprend un verset du Psaume 118 que l’on récitait lors de la fête des cabanes.
Le terme s’écrit en hébreu : הושע נא
Il provient du psaume 118 (verset 25) :
אנא יהוה הושיעה נא
Anna Adonai [Yahvé] hoshi-‘ah-nna

de l’hébreu ישע [yasha] : sauver, être sauvé, délivrer, être délivré, libéré ;
à ce verbe a été ajouté une valeur déprécative pour exprimer l’idée d’implorer, ce qui pourrait se traduire ainsi :
sauve-nous, je t’en prie ! de grâce, sauve-nous ! de grâce, libère nous !

Ce verset a été ainsi traduit :

dans la Septante : ὦ κύριε σῶσον δή

dans la Vulgate : obsecro Domine salva

dans la Bible de Jérusalem : De grâce, Yahvé, donne le salut !

puis suit ce verset, repris dans les Évangiles :

Béni soit celui qui entre au nom du Seigneur,
Formez le cortège, rameaux en main !

Le septième jour et dernier jour de la fête de Souccot était appelé jour de Hosha’na (ou Hosha’na Rabbah). Ce nom désignait aussi les rameaux.
Le prénom Jésus (Yéshou ou Yéshoua) est d’ailleurs formé avec la même racine. Le nom hébreu de Jésus יהושוע est construit à partir de יהוה [Yahvé] & ישע [yasha] : dont le salut est Yahvé.

La phrase de l’Évangile de Jean est conforme à l’hébreu. En revanche, ce n’est pas le cas de celui de Matthieu qui cite :
Hosanna au plus haut des cieux ! ou Hosanna au fils de David !
on dit : Hosanna !
C’est une imploration : Oh, sauve-nous !
mais on ne dit pas : “Hosanna à …”

Le petit âne de Jésus
Autre élément associé au dimanche des Rameaux : l’âne sur lequel est assis Jésus, ou plus précisément l’ânon. Symbole d’humilité, face au cheval ou à la mule. L’Évangile de Matthieu raconte :
Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent près de Bethphagé, au mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples en leur disant :
« Allez au village qui est en face de vous, vous trouverez alors une ânesse attachée avec son ânon près d’elle ; détachez-la et amenez-les moi ! » (…)

Cela est arrivé pour que s’accomplisse ce qu’a dit le prophète :

« Dites à la fille de Sion : voici que ton roi vient à toi ; humble, il est monté sur une ânesse et un ânon, petit d’une bête de somme. »

C’est un procédé que l’on retrouve souvent chez Matthieu qui veut absolument nous faire croire que Jésus est annoncé dans l’Ancien Testament. Il reprend ici le livre de Zacharie IX, 9 :

Exulte avec force, fille de Sion !
Crie de joie, fille de Jérusalem !
Voici que ton roi vient à toi :
il est juste et victorieux,
humble, monté sur un âne,
sur un tout jeune ânon.

Les vêtements étendus sur le chemin représentent un signe de reconnaissance envers un homme choisi comme roi. Ainsi, dans le second livre des Rois (IX, 12), un prophète consacre Jéhu comme roi d’Israël ; il dit :
« Ainsi parle Yahvé : par cette onction, je te sacre roi d’Israël. »
Aussitôt, tous prirent leurs vêtements et les étendirent sous ses pieds, en haut des marches.
Ils sonnèrent du cor et crièrent : « Jéhu est roi ! »

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