l y a 285 ans naissait l’impératrice Catherine II de Russie, dont le règne est qualifié d’« âge d’or de l’Etat russe » par les historiens. Sous la Grande Catherine, la politique étrangère russe a visé à renforcer le rôle de la Russie sur la scène internationale et à élargir ses frontières.
Dans le but d’assurer la sécurité de ses frontières Sud et d’avoir accès à la mer Noire, l’Empire russe a entamé une lutte pour la Crimée dès la fin du XVIIe siècle. C’est la Grande Catherine qui a réussi à rattacher la péninsule à la Russie en 1783. Après avoir remporté une brillante victoire sur l’Empire ottoman, elle a obtenu la côte Nord de la mer Noire, dotée de deux ports importants. Par la suite, les Turcs ont à plusieurs reprises essayé de récupérer la péninsule afin d’en transmettre le contrôle aux khans de Crimée, leurs vassaux, mais toutes les tentatives se sont soldées par un échec, raconte le docteur en philosophie Viktor Nadeïne-Raïevskiy, chercheur à l’Institut d’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie.
« Pour la Russie, la Crimée a toujours été un territoire d’une grande importance. Il y a eu une période, lorsque la Russie n’en était qu’à ses débuts, où c’est de ce côté-là qu’émanait la menace. Combien de fois les khans de Crimée, vassaux de l’empereur ottoman, ont attaqué les Russes ! Ils réussissaient parfois à remonter jusqu’à Moscou pour la mettre à feu. La lutte pour la sécurité des frontières Sud est très importante pour la Russie. Lorsque cette lutte a été enfin couronnée de succès à la fin du XVIIe siècle, la Crimée est devenue le symbole d’un puissant Empire. »
Dès que la Crimée a été intégrée dans l’Empire russe, les territoires adjacents ont connu un développement rapide. De nouveaux villages et villes ont été créés. Un nombre considérable de personnes provenant des quatre coins du pays sont venus s’installer dans la péninsule. En 1783, on a créé la ville de Sébastopol, capitale de la flotte russe de la mer Noire.
Le règne de la Grande Catherine est marqué par de grandes victoires militaires remportées par Roumiantsev, Souvorov, Potemkine et Ouchakov, rappelle l’historien russe Alexandre Kamenski.
« C’est une personne qui n’a pas eu peur de s’entourer de gens talentueux, brillants, intelligents. Elle écrivait qu’il y avait énormément de gens talentueux en Russie. Sous Catherine, dont le règne était très long, 34 ans, la Russie a gagné toutes les guerres auxquelles elle participait alors : les deux guerres russo-turques et la guerre russo-suédoise. Des territoires considérables ont été ajoutés à la Russie. La politique extérieure a été extrêmement réussie. »
Cette sagesse politique dont a fait preuve l’impératrice dans les affaires extérieures a renforcé les positions de l’Empire russe dans la région de la mer Noire, dans le Caucase et les Balkans, ainsi qu’en Europe de l’Ouest, explique le docteur en histoire Igor Kouroukine.
« A la fin du règne de Catherine, l’armée russe comptait 400 000 hommes, la Russie disposait de deux flottes : celle de la mer Baltique et celle de la mer Noire. Comme disait l’un de nos diplomates, pas un seul canon en Europe ne fut tiré sans que nous le sachions. »
Même aujourd’hui, les victoires militaires remportées par l’armée russe sous la Grande Catherine et le rattachement de nouveaux territoires à l’Empire continuent à avoir de l’importance géostratégique pour la Russie.