Guerrière par Darie Boutboul

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En 1984, Darie Boutboul, 26 ans,  fut la première femme à remporter un tiercé avec: Abdonski. Alors très médiatisée, Darie  se lance dans la chanson avec ce titre écrit par François Feldman.

 

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L’affaire Perrot/Cons-Boutboul

 

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Les policiers l’ont vite classée dans la catégorie des dures à cuire. Ils ont pourtant l’habitude des délinquants, mais ils se heurtent là à un cas tout à fait particulier : Elisabeth Cons-Boutboul, soupçonnée d’avoir commandité le meurtre de son gendre, est une petite femme de 65 ans, élégante et autoritaire, le visage mangé par d’énormes lunettes. Ils ont beau l’interroger pendant des heures, en octobre 1989, “Madame”, comme ils l’appellent, tient parfaitement le choc. Elle les balade volontiers dans des histoires abracadabrantes. Mais elle nie fermement toute implication dans l’assassinat du mari de sa fille.

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Ce dernier, l’avocat Jacques Perrot, a été retrouvé trois ans et demi plus tôt, le 27 décembre 1985, tué de trois balles de 22 long rifle, dans l’escalier d’un immeuble du 16e arrondissement. Il tenait encore entre ses doigts la cigarette qu’il n’avait pas eu le temps d’allumer. Il descendait de l’appartement de ses parents, où il résidait depuis qu’il était séparé de sa femme. Son portefeuille était toujours dans sa poche.
L’un des pneus de sa voiture avait été crevé et l’antivol de sa moto bloqué, comme si le ou les tueurs n’avaient voulu lui laisser aucune chance, au cas où l’assassinat aurait raté dans l’immeuble. Aucun indice matériel. Tout s’apparente au crime parfait.
Quand les enquêteurs n’ont pas d’indice, ils cherchent le mobile. Jacques Perrot, âgé de 38 ans, est un avocat en vue, ami d’enfance du premier ministre de l’époque, Laurent Fabius. C’est aussi un don Juan menant de front, au moment de sa mort, trois liaisons féminines. Son mariage est malheureux, le divorce s’annonce conflictuel autour de la garde d’Adrien, 4 ans. L’épouse est une quasi-star : Darie Boutboul, jockey, “cravache d’or”, est la première femme à avoir gagné une course de tiercé. Petite brune piquante, quinze ans de moins que son mari, elle est aussi, de l’avis des amis de Perrot, d’une jalousie quasi hystérique.
Sont-ils vraiment faits pour s’entendre, cet avocat proche des socialistes et cette championne qui siège à la commission des sports du RPR ? Aurait-elle pu vouloir sa mort, elle qui paraissait décidée à l’empêcher de voir son fils ? Aux yeux des enquêteurs, Darie Boutboul fait surtout figure de petite fille perdue, incapable d’organiser un assassinat.
Derrière l’épouse, il y a la belle-mère. La police trouve en Elisabeth Cons-Boutboul une suspecte idéale. Sa fille l’adore. Les amis et les parents de Perrot s’en méfient. Plusieurs d’entre eux croient savoir qu’Elisabeth encourageait Darie à soustraire Adrien à son père. Désormais, les policiers fouillent son passé, et refont l’enquête qu’avait engagée… Jacques Perrot avant de mourir.
Quand il s’est marié, l’avocat a lu dans l’acte de mariage que le père de Darie était mort. Dans un accident d’avion, lui avait assuré Elisabeth. Quelques mois avant son assassinat, Jacques Perrot découvre pourtant que son beau-père, Robert Boutboul, 73 ans, médecin, bien vivant, vit à Paris. Les deux hommes se rencontrent. Jacques Perrot se met à douter de tout. D’abord de sa belle-mère.
Elisabeth est-elle l’avocate interna

Unknown-2tionale qu’elle prétend être ? Les réseaux judiciaires de Perrot le renseignent vite : elle a été radiée du barreau après avoir escroqué une dizaine de millions de francs aux religieux des missions étrangères… mais sans que ces derniers aient porté plainte. Le soir de sa mort, Perrot devait dîner avec sa belle-mère pour s’expliquer. Au dernier moment, elle a annulé le rendez-vous.
Depuis l’assassinat, Elisabeth reste impénétrable… et ambiguë. Dix jours après le meurtre, des millions de téléspectateurs la découvrent, médusés, au journal de 20 heures. La journaliste hippique Pierrette Brès a orchestré devant les caméras et le petit Adrien les retrouvailles de Darie Boutboul avec Robert Boutboul, ce père que chacun croyait mort.
A trois pas, Elisabeth Cons-Boutboul explique tranquillement que l’assassinat de son gendre est lié “à sa curiosité”. Et assure : “Aujourd’hui, si Jacques m’avait parlé de ce dossier, je lui aurais dit : vous touchez à de la dynamite !” Puis elle ajoute, sibylline : “Je pense que la police saura où il faut aller rechercher, mais pour moi, de toute façon, ce dossier est classé. J’ai donné une parole, je ne dirai rien, quitte à rester vingt ans à Fleury-Mérogis.” Pourquoi se voit-elle en prison, alors que les enquêteurs piétinent ?
Quatre ans plus tard, un cadavre les remet sur la piste. Le corps de Bruno Dassac, représentant de commerce, a été retrouvé dans l’avant-port du Havre. L’homme a été tué d’une balle de gros calibre. Bruno Dassac était un familier du monde des courses et connaissait Elisabeth Cons-Boutboul.
En fait, les enquêteurs n’ont jamais abandonné la piste d’Elisabeth. Elle est sur écoutes depuis 1986. Elle l’a compris d’emblée et a pris soin de téléphoner du domicile d’une voisine, qu’elle utilise également comme boîte aux lettres. La police établit cependant qu’il y a eu plusieurs coups de fil entre Dassac et elle ainsi que plusieurs versements d’argent d’Elisabeth à cet homme, de compte suisse à compte suisse, dont 140 000 francs versés peu après l’assassinat de son gendre.
Dès lors l’hypothèse des policiers est claire : Elisabeth a payé Dassac pour qu’il exécute ou organise l’assassinat de son gendre. Un chauffeur de taxi assure, quatre ans après les faits, avoir entendu Elisabeth vouloir infliger “une correction” à Perrot. Le 9 octobre 1989, elle est inculpée de complicité dans l’assassinat de son gendre, placée en détention provisoire et renvoyée devant la cour d’assises.
Quand le procès commence, le 2 mars 1994, il apparaît vite qu’Elisabeth Cons – elle a finalement divorcé en 1990 – n’a qu’un seul véritable adversaire : elle-même. Elle en rit, d’ailleurs : “Je ne suis pas mythomane au sens strict du terme, mais quelquefois je brode un peu.”
Elle nie toujours l’assassinat. Pendant les débats, sa fille, Darie, affiche un sourire et un ton enjoué qui suscitent le malaise. Elle décrit une relation passionnée avec son mari. Pourtant, Yvonne Perrot, la mère de Jacques, assure à la barre : “Je pense qu’un jour Darie aurait tué Jacques.”
Qui sait la vérité ? L’inspecteur Christian Pellegrin, qui lance : “Mme Cons est ici à cause de ses mensonges ?” Ou Me Bernard Prévost, avocat d’Elisabeth, qui lui répond, cinglant : “Nous aurions mieux aimé entendre qu’elle était là en raison des charges et des preuves que vous auriez réunies sur elle !”
Le 24 mars 1994, malgré le doute dont elle devrait bénéficier, Elisabeth Cons-Boutboul est condamnée par la cour à quinze ans de réclusion criminelle. La salle applaudit. La condamnée a 70 ans. Elle sortira de prison 4 ans et demi plus tard.
Elisabeth Cons avait promis qu’à sa libération elle ferait elle-même une contre-enquête, qu’elle n’a jamais faite. Elle vit aujourd’hui auprès de sa fille, qui s’est remariée et a eu un deuxième enfant.

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