Les délices de Tokyo

Les délices de Tokyo annoncent par ce titre un film culinaire. Or, il est bien plus que cela. L’action est certes centrée sur le destin d’un cuisinier et vendeur de beignets sucrés farcis aux haricots rouges traditionnels, et les personnages qu’il rencontre, dont une vieille dame et une collégienne qui veulent l’assister dans son travail. Un artisan consciencieux doit cuire lui-même les haricots rouges, achetés bruts ; il passe ainsi beaucoup plus d’heures dans sa cuisine qu’avec des légumes déjà préparés ; le produit en est certainement bien meilleur. La transmission entre les générations devrait mieux se faire.

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Les délices de Tokyo s’attache aux trois principaux personnages, et aux autres qui forment leur environnement. Tous souffrent beaucoup, ou ont beaucoup souffert, parfois physiquement, mais surtout psychologiquement. Une différence culturelle majeure, très nette, est à observer : au Japon aussi, certaines personnes peuvent se montrer particulièrement odieuses ; mais les choses sont toujours dites avec un minimum de politesse formelle, ou une grimace se transformant péniblement en sourire, et ne donnent pas lieu aux explosions de violence verbale ou aux crises nerveuses démonstratives trop fréquentes dans la culture européenne.

Les délices de Tokyo s’attachent aussi à la souffrance méconnue, au Japon et donc a fortiori à l’étranger, des lépreux ou anciens lépreux de l’archipel, qui ont subi un isolement inhumain. Les lois et pratiques à leur sujet ont été, au moins un temps, bien au-delà du nécessaire, les mesures de luttes contre la contagion confinant à la cruauté.

Le film progresse certes à un rythme lent, mais sans ennuyer le spectateur qui s’intéresse aux personnages. Aussi Les délices de Tokyo propose-t-il une réflexion sur le bonheur, l’adaptation nécessaire pour trouver le bon côté des choses, y compris dans des existences a priori peu réjouissantes.

Hector Jovien – Réinformation TV

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