Suite aux tweets injurieux exhumés de Rayan Nezzar, nouveau porte-parole de La République en Marche, le maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac, a qualifié le délégué général du parti majoritaire de «narvalow». Le Figaro revient sur l’origine de cette expression qui n’est pas toujours une injure.
L’histoire aurait dû se finir là. Avec les excuses de Rayan Nezzar, nouveau porte-parole de LREM, qui regrettait avoir publié des tweets injurieux en 2013 à l’encontre d’Alain Juppé, Valérie Pécresse ou Jean-François Copé, respectivement qualifiés de «fiotte», «pouffiasse» et autres joyeusetés. Oui, l’affaire aurait dû en rester là. Mais c’était sans compter les propos prêtés par RTL à Christophe Castaner, délégué général de La République en marche. Selon la journaliste Pauline de Saint-Rémy, ce dernier aurait déclaré en privé à propos du jeune énarque de 27 ans: «Ce qui m’agace, c’est qu’il a un parcours génial, rare en politique, du talent, et là son vocabulaire de jeune de Montreuil le rattrape.»
Une parole qui a tout de go déclenché la polémique sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le député de la France Insoumise Alexis Corbière a dénoncé un «mépris de classe» tandis que le maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac, a dans un langage peu châtié exigé des excuses publiques au secrétaire d’État. Il écrit: «M. Castaner vous êtes vraiment un narvalow, vos propos sur les jeunes de Montreuil sont indignes, méprisants et la preuve d’une méconnaissance profonde de notre ville et de ses habitants. J’exige des excuses publiques de la part du Secrétaire d’État et Délégué général de LREM.»(..)
Narvalow. Voilà un mot bien «drôle». Si le terme est non seulement absent des dictionnaires, ce dernier possède également deux orthographes: narvalo et narvalow. Deux écritures, qui lui valent parfois d’exprimer son contraire, à l’écrit comme à l’oral. Est-ce le cas de M. Bessac?
Analysons tout d’abord le mot «narvalo». Ainsi que le note Aurore Vincenti dans son excellent livre Les mots du bitume (Le Robert), «le narvalo», écrit sans «w», «c’est personne et tout le monde à la fois». Nous serions tous le «narvalo» de quelqu’un. Attesté depuis 2003, le terme est issu du romani, langue notamment parlée par les gitans, bohémiens et tziganes, comme l’indique le Trésor de la langue française. Il signifie «idiot», «fou» et «imbécile». Rien de très positif donc.
Attention aux conclusions hâtives! L’auteur nous précise que le mot «narvalo» pourra tout à la fois s’employer comme une «insulte légère» ou une marque de tendresse en fonction du ton employé par son locuteur. Aurore Vincenti précise: «En français, le terme est teinté d’une certaine tendresse puisque c’est ainsi que l’on s’appelle et s’apostrophe communément dans certaines cités, notamment dans l’Est parisien.» Concrètement? Le «narvalo» est un synonyme de «mec», «gros», «frère», lorsque l’on se salue entre amis.
Qu’en est-il de «narvalow»? Avons-nous là aussi à faire à un mot polysémique? Salah Guemriche nous éclaire dans son livre Petit dico à l’usage des darons et des daronnes qui désespèrent de comprendre leurs enfants (Seuil). Selon elle, le «narvalow» serait né avec le festival de rap du Narvalow City Club de Montreuil pour désigner un événement «ouf». Comprenez quelque chose de démentiel, de dingue. Il donne comme exemple: «Un nouveau site narvalesque: c’est un véritable village […]. Des danseurs sur scène, une dizaine de graffeurs, un stand de tatouages non-stop tenu par Ozer, de quoi bien manger et bien se rafraîchir, et même des skates 4×4 motorisés.» L’image parle d’elle-même. Le narvalow est un «fou», non pas dans le sens clinique du terme, mais un individu complètement «barré», capable de mille extravagances.
Est-ce cette dernière signification qu’entend M. Bessac? Le lecteur se fera juge de son emploi. Car à défaut de l’avoir vraiment injurié, il a rendu la classe politique complètement folle…