Un jeune homme désœuvré erre un soir dans les rues de Paris. Sur le pont Mirabeau, une jeune fille, appuyée au parapet regarde la Seine. Arnaud, le jeune homme, lui lance en passant « Bonne nuit Barbara », prénom jeté au hasard. La jeune fille se retourne brutalement mais Arnaud poursuit son chemin.

Un peu plus tard, Arnaud fait la connaissance de la jeune fille qui s’appelle en effet Barbara et qui est ravissante. Les deux familles verraient un mariage d’un bon œil. Mais Arnaud est gêné par cette beauté excessive et Barbara ne sait que penser de ce garçon qui ne semble rien vouloir.

Muté dans un coin perdu des Ardennes, le pays cher à André Dhôtel, Arnaud s’ennuie. Il hait la campagne et rêve de revenir à Paris, pour entendre le bruit rassurant de la circulation. Et puis Barbara…

Mais deux enfants, Thierry et Barbara, qui sillonnent sans cesse le pays, le tirent de sa claustration. Ils vont le faire pénétrer dans un monde d’intrigues, de disparitions, de conflits amoureux où d’ailleurs une autre Barbara apparaît  : « Encore une Barbara par ici ? Est-ce qu’il était destiné à retrouver ce prénom à chaque instant ? Mais il n’y avait rien à objecter, les gens s’appellent comme ils veulent. » Les trois Barbara finiront d’ailleurs par se connaître, empruntant des chemins déconcertants.

André Dhôtel a une façon très personnelle de construire ses romans. La nature y joue un rôle essentiel et il arrive d’étranges aventures à des personnages très communs qui s’en passeraient bien. D’une langue parfaitement ciselée, il nous entraîne dans un univers où les coïncidences font partie des situations, et il faut les accepter avec résignation.

La sérénité que dégagent les deux enfants est une leçon pour les adultes qui, dans le monde de Dhôtel, se laissent trop dominer par leurs passions ou, au contraire, ne savent que décider.

Il faut entrer bravement dans l’univers littéraire de Dhôtel, qui est rare. La poésie des mots séduira le lecteur amoureux du beau langage. Et puis l’auteur sait faire rebondir les situations car il sait qu’un bon roman a besoin de cela.

André Dhôtel fait partie de nos grands écrivains du XXème siècle et personne n’a regretté d’avoir cheminé avec lui.