Par Charles Chaleyat
Nos soldats viennent d’arriver en RCA le jour anniversaire de la déclaration d’indépendance (1er Décembre 1958) de ce confetti d’empire, hasardeux résidu de découpages anciens qui l’entouraient, Allemands, Anglais et Français se taillant alors des territoires au Cameroun, Tchad, Congo et Soudan, délaissant ce qui s’appela l’Oubangui-Chari de l’AEF jusqu’en 1960.
La république centrafricaine est une sorte de bout du monde au cœur de l’Afrique noire, contrée razziée à l’Est par les esclavagistes musulmans, oubliée des grandes colonisations, sans routes et sans chemin de fer, avec pour seul accès le fleuve Oubangui. Son premier président, Barthélémy Boganda, Père de la Nation, avait pourtant prévu et prédit cet isolement de la région et prônait une grand état d’Afrique centrale avec le Cameroun et le Congo.
La RCA survit en équilibre sur deux régions géographiques dissemblables : le Nord versant tchadien est un pays de savane, plutôt musulman et animiste, le Sud versant congolais est un pays de forêt, plutôt chrétien. Près de 50 % de la population y est chrétienne dont 25 % de catholiques et 25 % de protestants. 15 % des habitants sont musulmans, le reste de la population demeurant fidèle aux religions africaines traditionnelles.
L’uranium, l’or, les diamants (industriels mais aussi de joaillerie), les bois tropicaux et le pétrole pourraient assurer des rentrées d’argent si mieux exploitables. En effet, l’insécurité comme l’insuffisance des équipements et de leur entretien freinent l’installation d’industries voire d’un tourisme (éventuellement cygénétique), profitant d’un beau troupeau d’éléphants de forêt, malheureusement braconnés comme la faune de l’Est du pays, quasi inaccessible.
C’est ainsi que ce pays demeure l’un des plus pauvres du continent.
Par le hasard des circonstances, il occupe l’un des points les plus stables du globe du point de vue sismique car à l’abri de la houle océanique et une station géophysique française y fut longtemps maintenue.
Un projet d’alimentation d’eaux du lac Tchad bien amoindri, par captation des eaux de l’Oubangui, verra peut-être le jour et traversera ce pays en l’enrichissant.
Outre sa variété de populations bantuphones, la RCA abrite un peuple pygmée encore rétif à tout changement, ses frontières poreuses laissent, hélas, passer toutes sortes d’influences, de migrants et de bandes… qui achèvent de déstabiliser, dévaster et terroriser le pays.
Il est à souhaiter que nos soldats apportent la paix et la sécurité à la RCA qui n’a connu que cycles de violence et coups d’Etat depuis sa décolonisation.