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« Le lundi 17 juillet 2017, dans la solitude de mon bureau, après mûre réflexion, je viens de prendre la décision de quitter ma fonction de chef d’État-major des armées. Cette démission, que rien n’annonçait quinze jours plus tôt, était devenue pour moi un devoir.
J’ai désormais une responsabilité, celle de dire la vérité sur les menaces auxquelles nous devons faire face et sur les défis de nos armées. Ainsi, les Français pourront mieux comprendre.
Ce livre est un appel. Oui, nous pouvons être fiers de notre beau pays et de son armée. Oui, cette nation est fidèle à son histoire quand elle est rassemblée.
Je veux parler de nos forces, de nos fragilités, de notre courage, de notre honneur. Je veux servir. »
Pierre de Villiers a été chef d’État-major des armées de 2014 à 2017, concluant quarante-trois ans d’une grande carrière militaire, au service du succès des armes de la France.
Servir sort ce mercredi dans les librairies et crée l’événement, signé par le général Pierre de Villiers. C’est la première fois que l’ex-chef d’état-major des armées revient sur sa démission remise au cœur de l’été dernier, le 19 juillet, à Emmanuel Macron. Ce mardi, Le Monde a publié sur son site internet les bonnes feuilles de l’ouvrage de ce militaire de haut rang qui a retrouvé la Vendée, fief de sa famille, depuis son retrait.
De Chirac à Macron
Evitant visiblement les controverses, l’officier de 61 ans dresse dans son livre le panorama des chefs de l’Etat qu’il a connus de près:
“Le chef militaire vit au contact constant du pouvoir politique. Pour ma part, j’ai connu en conseil restreint pas moins de quatre présidents de la République: Jacques Chirac, méthodique, chaleureux et passionné par l’armée ; Nicolas Sarkozy, exigeant, tranchant et charismatique ; François Hollande, à l’écoute, calme et plein d’humour ; et, enfin, Emmanuel Macron, avec lequel mes relations ont été empreintes de franchise, de confiance et de cordialité.”
Abordant leurs premiers entretiens, il dépeint à nouveau un tableau flatteur de leurs échanges. “Nos relations personnelles ont toujours été confiantes: alors secrétaire général adjoint à l’Elysée, il m’avait aidé, lorsque, au printemps 2014, à peine nommé chef d’état-major des armées, j’avais déjà eu à mener une difficile bataille budgétaire”, dit-il.
“Quel gâchis!”
C’est pourtant à ce président de la République avec lequel il entretenait des relations apparemment si sereines qu’il a présenté sa démission. Le général revient en longueur sur cette journée du 19 juillet: “Aucun chef d’état-major des armées n’a jamais démissionné sous la Ve République. Et pourtant, je vais présenter ma démission. (…) L’entretien dure cinquante minutes et sa tonalité est apaisée. Quel gâchis d’en être arrivés là, alors que nous aurions pu faire autrement!”
Dans Servir, le général Pierre de Villiers campe toutefois sur les positions qui ont entraîné son départ. Et la raison est évidemment budgétaire en premier lieu: “Nous ne pouvons plus traiter des problèmes de défense avec une approche comptable comme nous l’avons connue dans les années 2000. (…) Nous n’en sommes plus aux interventions ponctuelles dans l’espace et dans le temps. La phase militaire de la majorité des engagements extérieurs dure en moyenne une quinzaine d’années.”
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