Reporters sans frontières et Freedom Voices Network ont lancé, mardi, un projet international baptisé Forbidden Stories. Son mandat : achever les enquêtes des journalistes emprisonnés ou assassinés à travers le monde.
En dix ans, plus de 700 journalistes sont morts dans l’exercice de leurs fonctions et avec eux des enquêtes bien souvent dérangeantes pour des décideurs et influenceurs de tous horizons. S’ajoutent également les milliers de reporters menacés et ceux emprisonnés. Ils sont près de 200 actuellement derrière les barreaux.
C’est pour poursuivre et publier leurs enquêtes mais aussi pour lutter contre l’impunité, que s’est constitué Forbidden Stories, un projet international porté par Reporters sans frontières (RSF) et Freedom Voices Network, lancé le 31 octobre à Washington.
Notre mission est de sécuriser, garder en vie et publier les enquêtes des journalistes tués, emprisonnés ou menacés dans le monde. Nous voulons aussi, avec ce projet, lutter contre l’impunité des auteurs de crime envers les journalistes, notamment en mettant la lumière sur les assassinats commis via des vidéos, que nous diffusons sur notre site. On espère ainsi exercer une pression médiatique pour pousser la justice locale à mieux enquêter.
Qui va se charger de terminer ces enquêtes? Ne prennent-ils pas aussi des risques ?
C’est là l’originalité du projet : les plus grands journalistes d’investigation, originaires de différents pays, vont travailler avec nous de manière collaborative, au service de leurs confrères empêchés de faire leur travail. Nous avons une équipe de journalistes de RSF dédiés au projet. Ils sont dirigés par Laurent Richard, le fondateur de Cash Investigation. Nous pouvons aussi faire appel au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à Washington [l’organisme qui a notamment coordonné le travail de plus d’une centaine de rédactions pour dévoiler le scandale des Panama papers en 2016, NDLR].
Concernant les risques, nous prenons toutes les mesures de sécurité pour encadrer les journalistes qui prennent le relais des enquêtes inachevées. Grâce à l’aspect collaboratif du projet et le fait qu’on fasse appel à des journalistes étrangers, les risques sont minimisés. Car nous avons bien conscience que lorsque vous êtes un journaliste mexicain travaillant sur les cartels, il y a des ramifications partout, y compris dans votre quartier.