En mai fais ce qu’il te plaît

 

Marche ou crève ! Mai 1940 : pour fuir l’invasion allemande, Paul (Olivier Gourmet), paysan à la gapette vissée sur la tête et maire d’un petit village du Pas-de-Calais, « invite » ses administrés à quitter le village pour rejoindre Dieppe et échapper, pense-t-il, à la barbarie allemande, en attendant des jours meilleurs.

Et voilà tout le village jeté sur les routes de l’exode, comme des millions de Français, avec leurs biens entassés sur des carrioles. Tout le village sauf Albert (Laurent Gerra) qui préfère se « péter la ruche » dans sa cave où sont entreposés des dizaines de bons crus. Un « encore-une-bouteille-que-les-Allemands-n’auront-pas ! » qui lui coûtera cher.

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Dans leur exode, Paul, sa femme Mado (Mathilde Seigner), bistrotière au caractère bien trempé, et Suzanne l’institutrice (Alice Isaaz), emmènent Max (Joshio Marlon), un garçonnet allemand dont le père Hans (August Diehl), qui avait fui le régime nazi et trouvé refuge en France, est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité.

Tandis que Paul, telle une canne accompagnée de sa couvée, ouvre la marche sur une route de tous les dangers – Panzer et Stuka sillonnent les champs et le ciel de France –, Hans, libéré dans le chaos, se lance à la recherche de son fils, accompagné d’un soldat écossais (Matthew Rhys) cherchant à regagner l’Angleterre…

Le grand chemin ! De cette période sombre de notre histoire rarement traitée au cinéma – et que certaines bonnes et généreuses consciences n’hésiteront certainement pas à comparer avec « l’exode » des « migrants » d’aujourd’hui –, Christian Carion (Une hirondelle fait le printemps, Joyeux Noël, L’Affaire Farewell) tire un grand film populaire et poignant, inspiré des témoignages de ses proches. Un mélodrame « à l’ancienne », bien maîtrisé et porté par des acteurs qui contribuent à la réussite du film dont le seul « défaut » est son côté « tire-larmes » (appuyé par une musique plombante signée par un Ennio Morricone en petite forme) à faire sangloter la ménagère.

A noter l’évocation d’un « détail » de l’histoire de cette débâcle qui jeta sur les routes 8 millions de Français, à savoir : la mise en scène macabre – reconstitution de la prise d’un village avec comme « acteurs » des soldats africains prisonniers armés de fusils chargés à blanc affrontant des soldats allemands tirant, eux, à balles réelles – réalisée par des cinéastes allemands pour le compte de la propagande.

Pierre Malpouge – Présent

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