Trouple et pluriparentalité (Vidéo)

 

Il s’appelle Bastien Lachaud, il est député de La France insoumise. Membre de la commission défense et des forces armées – il s’est fait remarquer, l’an passé, par son rapport sur les traditions militaires, de son avis trop trempées dans l’eau bénite -, il est aussi président du groupe contre les discriminations et les LGBTQIphobies. Avec sa barbe de trois jours, son air sympa et pédagogue, ses petites lunettes, son col sans cravate et ses accents implacables d’idéologue pour assener sa pensée, il ressemble au prof d’histoire-géo (ou de philo, ou de français, ou d’éco…), marxiste comme il se doit, que tout lycéen a croisé un jour sur son chemin. C’était, d’ailleurs, son métier avant d’être parachuté à l’Assemblée…

…l’Assemblée qui bruisse encore, comme les réseaux sociaux, de sa réponse au député LR Xavier Breton prédisant qu’avec la PMA, rien ne s’opposerait au fait qu’un enfant ait trois parents.

« La pluruparentalité », il « ne voit vraiment pas quel est le problème ». Remous dans la salle, le voilà forcé d’étayer son propos. En bon enseignant qu’il est, il en appelle à « la cohérence » : « À partir du moment où l’on décrète que la filiation n’est pas biologique, mais que c’est un projet, que c’est culturel, que c’est une construction sociale, pourquoi trois personnes ne seraient pas tout aussi à même que deux à assumer ? »

On s’indigne, on retweete, on commente : il est fou, il est dingue, il est tombé sur la tête ! Mais non, il a raison. Il tire simplement le fil, et si pour son camp, qui préfère la stratégie des petits pas pour ne pas effrayer le bon bourgeois, ce n’est peut-être pas très habile, il faut reconnaître qu’il a le mérite d’être honnête.

Bien sûr, évidemment, cela tombe sous le sens et c’est écrit : si l’on coupe le fil entre parenté et biologie, la filiation, tel un ballon de baudruche gonflé à l’hélium, s’éloignera très vite du modèle papa-maman pour atteindre la stratosphère. Si tout cela n’est affaire que de contrat, de volonté et d’intention, pourquoi se limiter à deux parties ? Plus on est de fous, plus on rit. On peut faire venir des amis, des copains, des voisins et des collègues de bureau. On parle bien, désormais, de coparentalité comme de colocation, et dans un livret de famille comme dans un appartement, on peut être très nombreux. C’est l’Auberge espagnole, qu’est-ce qu’on rigole. C’est même moins fatigant, on peut se refiler le bébé quand on en a assez.

Et il n’est guère étonnant que La France insoumise se fasse l’ambassadeur du ce beau projet. Les communistes, jadis, rêvaient d’une éducation collective qui arracherait les enfants à leurs parents pour les purifier de tout déterminisme familial. Mais les liens du sang étaient là, qui résistaient, ces liens du sang dont Yann Moix, dans Voici (29/5/2015), a dit qu’ils avaient fait venir « le racisme, la monarchie abso­­lue » : « La vraie révo­­lu­­tion, la vraie égalité totale, ce serait de mélan­­ger les bébés à la nais­­sance comme dans La vie est un long fleuve tranquille. On devrait inter­­­dire aux parents d’éle­­ver leurs enfants biolo­­giques. »

Il suffit d’être patient, on va gentiment y arriver. Bastien Lachaud a le mérite de ne pas cacher, dans son impeccable logique, les inévitables conséquences. Pour lutter contre la pluriparentalité, il faudrait, chez les Français, moins de plurinaïveté.

Gabrielle Cluzel – Boulevard Voltaire

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