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Les représentants de plusieurs associations professionnelles de militaires ont été auditionnés par les députés de la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Vie de famille sacrifiée, problèmes financiers… les soldats ont la vie dure.
«Quand l’huissier frappe à la porte de la maison et que c’est madame qui ouvre parce que monsieur est au Mali, elle se sent un peu démunie», a résumé le maréchal des logis-chef Kévin Jorcin. Le 5 octobre 2017, la commission de l’Assemblée nationale a écouté pendant près de deux heures les doléances des représentants d’associations professionnelles nationales de militaires. Et, à les entendre, les problèmes sont nombreux pour les recrues de l’armée française. La liste en était si longue que Françoise Dumas, vice-présidente de la commission, a dû demander aux intervenants de se faire plus concis, d’après LCP qui a suivi l’audience, une première du genre.
Situations personnelles «dramatiques»
Dominique de Lorgeril, représentant l’Association professionnelle militaire pour la marine nationale (APNM Marine), a souligné les conséquences, selon lui, des baisses d’effectifs dans la marine, de 43 000 à 35 000 entre 2008 et 2014, et de la fermeture de deux bases navales. «20 [navires de guerre] ont été supprimés alors que les missions ne cessent de se multiplier», a-t-il déploré devant la commission parlementaire. «Les départs en mission ne sont pas seulement plus fréquents, allant jusqu’à 200 jours d’absence par an [de leur foyer], sans compensation, mais toujours plus aléatoires et reprogrammés en fonction des défaillances et indisponibilités des matériels sous-entretenus», a détaillé Dominique de Lorgeril, soulignant «l’abnégation» des familles de soldats. «Elles ne supportent plus ces reprogrammations continuelles», a-t-il encore dénoncé.
«Louvois» sévit toujours, six ans déjà
A cela s’ajoute les dysfonctionnements persistants du système informatique de gestion et de paiement des soldes, le tristement célèbre Louvois, qui empoisonne depuis sa mise en place en 2011 la vie de ses bénéficiaires. Appartenant à la gendarmerie donc également concerné, le maréchal des logis-chef Kévin Jorcin a tiré la sonnette d’alarme, rappelant que les retards de versement pouvaient mettre les familles ayant par exemple souscrit des prêts dans des situations parfois «dramatiques». «Lorsque la machine se met en route, les banques n’hésitent pas à nous assassiner», a-t-il averti. Quant à l’opération Sentinelle, elle coûterait même de l’argent aux soldats y prenant part, en raison notamment du coût de la garde des enfants. Servir la France est bien un sacrifice.