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Vous connaissez peut-être le proverbe arabe « Bats ta femme tous les matins ; si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait ». S’il ne figure pas expressément dans le Coran, on ne peut nier que, dans beaucoup de pays où domine la religion musulmane, les femmes semblent être considérées comme des êtres inférieurs. Dernier exemple, les propos d’un chanteur marocain, lors d’une émission télévisée, le 29 juin 2019 : « Celui qui ne tabasse pas sa femme n’est pas un homme. » Ils ont provoqué une vague d’indignation dans les milieux éclairés. Mais, curieusement, en France, on n’en a guère parlé, jusqu’à ces derniers jours où les réseaux sociaux rappellent ces paroles, pour le moins machistes, de l’artiste. En relation avec l’ouverture du Grenelle des violences conjugales ?
Ce chanteur semble prendre plaisir à de telles « provocations », terme inapproprié, tant ces propos lui paraissent naturels. Non seulement il a ajouté qu’« au Maroc, cela est normal, chacun peut faire ce qu’il veut de sa femme, la frapper, la tuer », mais il s’est vanté d’avoir trompé la vigilance de la police espagnole qui l’avait placé en garde à vue pour avoir mis son précepte en application sur sa propre femme. En 2018, le Maroc a bien adopté (au bout de cinq ans, ce qui prouve qu’il y avait des résistances) une loi pour lutter contre les violences faites aux femmes, avec, notamment, la création d’une infraction de harcèlement sexuel, mais la nouvelle loi ne prend pas en compte le viol conjugal.
Selon une étude du journal La Croix du 19 mai 2019, au Maroc, la majorité des femmes sont victimes de violences. Une enquête du ministère de la Famille, publiée le mardi 14 mai, précise que 54,4 % des Marocaines ont « subi une violence (physique, sexuelle, psychologique, économique, électronique) » en 2018. La responsable d’une association féministe confiait alors : « Nous avions de grandes ambitions au moment de l’élaboration de cette loi. Elle a été une grande déception. »
Apparemment, la condition des femmes au Maroc ne semble pas émouvoir les élites qui nous dirigent. Elles ne rechignent pas à faire preuve d’ingérence dans les pays qui ne respectent pas les droits de l’homme, souvent pour des raisons politiques, mais restent muettes sur ce point. Comme si elles partageaient la maxime de Pascal sur la relativité de la justice : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » ! D’aucuns diront que, tant que cela se passe dans d’autres pays, cela ne nous concerne pas. Le problème, c’est que beaucoup de ressortissants de ces pays viennent en France, ou y sont déjà installés, et ne semblent pas toujours prêts à renoncer à certains usages inscrits dans leur culture. Du reste, nos gouvernants sont plus prompts à défendre des usages qui nous sont étrangers, pour ne pas être accusés de discrimination, qu’à défendre les valeurs de notre civilisation occidentale. Voyez comme ils sont indulgents avec des pratiques comme le port du voile ou les prières de rue ! Soit pour des raisons électorales, soit (ce qui est pire) qu’ils ne croient plus aux valeurs sur lesquelles la France s’est fondée, qui ont, jusqu’à ces dernières années, maintenu sa cohésion.
Il ne s’agit pas de mettre en cause les autorités marocaines, qui font ce qu’elles peuvent dans un pays marqué par des traditions ancestrales. Mais les pays occidentaux, à commencer par la France, ne devraient pas tomber dans le relativisme culturel qui les conduit inéluctablement au déclin.
Philippe Kerlouan – Boulevard Voltaire