https://www.youtube.com/watch?v=8YmcYjNmcKw
L’incorrection n’est pas une religion, mais l’incorrection peut être une réaction, et surtout l’incorrection peut être une construction. Nous ne croyons pas bêtement vivre dans un monde totalitaire, ou sous un régime policier qui bannirait la moindre contestation de son pouvoir. Non, seulement dans un pays et dans un continent où en quelques décennies s’est mise en place une nouvelle forme de civilité qui cherche à empêcher que les problèmes réels soient formulés dans leurs termes vrais et adéquats ; et qui leur substitue des questions fausses et décalées.
C’est en quoi nous revendiquons d’être incorrects dans le grand banquet national et civilisationnel, où la parole est traquée, et en sus par des surveillants généraux à qui nous dénions toute légitimité. Nous ne sommes pas une quelconque chiourme, mais les citoyens libres d’un pays libre, dont nous craignons qu’il s’oublie et plonge dans une barbarie neuve. Aussi, nous parlons, et redirons sans doute dans une langue nouvelle des vérités très anciennes.
Car nous ne croyons pas que la France périsse d’un excès de conservatisme : au contraire, que c’est l’atomisation de son mode de vie traditionnel qui la blesse à mort ; car nous ne pensons pas que nos contemporains crèvent d’un trop-plein d’identité française, que c’est au contraire l’absence de connaissance et de reconnaissance de soi qui plonge leur âme en mélancolie ; car nous ne nous fions pas à des courbes boursières pour mesurer notre bien commun ; car nous croyons décidé- ment que ni robots ni post humains ne seront plus grands et plus précieux que nous pour habiter demain cette terre.
« NOUS REDIRONS SANS DOUTE DANS UNE LANGUE NOUVELLE DES VÉRITÉS TRÈS ANCIENNES »
Malgré ce qu’en disent les apparences, les temps nous sont favorables. La domination a changé de visage, mais elle a révélé par-là quel Janus elle était. La gauche demeure pendant que le monde tourne. Car pour clarifier une bonne fois pour toutes le paysage, nous appelons gauche tout ce qui croit pouvoir nous changer de monde sans notre accord. Nous appelons gauche tout ce qui a le visage d’Édouard Philippe, antique ruse des puissances bourgeoises ayant décidé de faire disparaître tout ce qui gêne leur marche en avant, soit : l’éducation, la charité, l’honneur, la petite propriété, la nature et ses lois, la faiblesse, l’héritage historique, la continuité familiale, la sexuation.
Nous appelons gauche en fait tout ce qui a les caractères crus du libéralisme : la foi ridicule dans une autonomie sans limite. Nous appelons gauche aussi tout ce qui suppose avoir une toiture à refaire avant de sauver la France. Nous appelons gauche encore tout ce qui identifie la France à un État pieuvre étouffant ce qu’il embrasse. Pour le reste, nous ne voyons que la droite, ni extrême, ni molle, ni centriste : seulement quelques nuances de bleu, de blanc, de rouge. On a voulu, et parfois réussi, à nous séparer en plusieurs camps. Désuète manoeuvre, qui a fait son temps.
Nous proposons, et ne croyons pas que cela soit bien difficile à réaliser, si l’on a seulement un peu de courage, une autre voie qui conserve et développe les vertus des multiples maisons de la droite, tout en en bannissant les erreurs passées. Car sans l’alliance politique, intellectuelle et culturelle de ces parties qui peuvent, au-delà de leurs différences, s’entendre sur le fait de conserver, notre monde en tant que civilisation court à l’évidence à sa perte.
Quelqu’un l’a dit :« La stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoisie conservatrice et des classes populaires (…). La droite traditionnelle et les classes populaires ont un souci commun, celui de leur identité (…). À partir de ce constat, on peut imaginer des passerelles pour les rassembler et apporter des réponses en commun .»
C’est cette manière de passerelle que souhaite être L’Incorrect. Philosophie, reportage, poésie et littérature, enquête, tribune, musique ou cinéma ; violence, admiration, bonne et mauvaise foi, réflexion, révélation, style, grandes plumes et petits poussins : nous proposons pour commencer, à ce monde devenu sage à force d’être fou, une bonne incorrection.