La nouvelle vient de tomber : Julie Gayet sera marraine d’une campagne gouvernementale contre le sexisme qui démarrera le 8 septembre prochain et pour 6 mois. Elle a été embauchée – avec d’autres stars, nous dit-on, mais seul son nom a été communiqué – par Laurence Rossignol et 25 associations féministes.Une idée épatante puisque, évidemment, Julie Gayet est un symbole de réussite au féminin, un modèle à citer en exemple, bien sûr, aux jeunes filles pour lutter contre le sexisme.
Il y a tout d’abord la starlette : le gloss, les paillettes, les décolletés pulpeux et les jupes fendues sur les marches du Festival de Cannes. Il ne manquerait plus que les petites veuillent devenir profs agrégées ou normaliennes : ce serait trop cafard.
Il y a ensuite les films coquins. Mettre en avant ses appas, depuis que le monde est monde, mes chéries, on n’a finalement rien trouvé de mieux.
Il y a, enfin, la promotion canapé. Mais comment donc – on se gratte le menton – Julie Gayet, à la filmographie aussi sulfureuse que confidentielle, est-elle devenue soudain la comédienne la plus connue de France ? Et si ce spot est « gouvernemental », quel est donc le nom du patron de cette petite entreprise, de celui qui l’a recrutée, in fine, tout en haut de la pyramide ?
Sur ces 25 associations, pas une pour se demander, l’espace d’une seconde, s’il n’y a pas comme une erreur de casting. Si l’ascension fulgurante d’une obscure actrice à joli minois et cuisse légère, devenue maîtresse – en évinçant une rivale vieillissante – d’un homme de pouvoir, ne nous ramène pas aux heures les plus sombres des fifties. Ou bien du XIXe. Ou encore du XVIIIe. En fait, de toute l’histoire de la femme. Si choisir une égérie qui ne doit sa notoriété – cette notoriété sur laquelle on compte pour promouvoir la cause – qu’aux faveurs d’alcôve du prince n’est pas un message pour le moins contradictoire, tordu, incompréhensible de la part d’une officine féministe… Bref, si Julie Gayet n’est pas au féminisme ce que Bourvil est à l’eau ferrugineuse.
Il est vrai que la dame a déjà fait ses preuves cinématographiques en matière de lutte contre les discriminations sexistes : dans un court-métrage intitulé 14 millions de cris et visant à lutter contre le mariage forcé, Julie Gayet a campé le rôle de la mère de famille. Nombre de femmes concernées ont certainement dû s’identifier à cette bourgeoise de l’Ouest parisien dans son appartement lambrissé, sapée comme Valérie Pécresse, coiffée comme NKM, attendu que les fillettes prénubiles victimes de ce fléau sont très souvent scolarisées à Sainte-Marie-de-Neuilly et Daniélou.
On ne sait rien, encore, du contenu de la campagne, mais on l’attend avec gourmandise : Julie Gayet en vicomtesse de Grandallur, contraignant Anne-Sixtine à enfiler son burkini à l’île de Ré, ou disposant un Bulgomme protecteur sur la table Louis XVI en prévision de l’excision de Marie-Zélie. Et on ne moufte pas, les filles, sinon, privées de rallye !