8 septembre – Naissance de la Très Sainte Vierge

 

« Et la Sainte Vierge, est-ce que tu pries la Sainte Vierge ? – Par exemple ! – On dit ça… Seulement la pries-tu comme il faut, la pries-tu bien ? Elle est notre mère, c’est entendu. Elle est la mère du genre humain, la nouvelle Eve. Mais elle est aussi sa fille. L’ancien monde, le douloureux monde, le monde d’avant la grâce l’a bercée longtemps sur son cœur désolé – des siècles et des siècles – dans l’attente obscure, incompréhensible, d’une virgo genitrix… Des siècles et des siècles, il a protégé de ses vieilles mains chargées de crime, ses lourdes mains, la petite fille merveilleuse dont il ne savait même pas le nom. Une petite fille, cette reine des Anges ! Et elle l’est restée, ne l’oublie pas ! Oui, pour la prier, il faut sentir sur soi ce regard qui n’est pas tout à fait celui de l’indulgence – car l’indulgence ne va pas sans quelque expérience amère – mais de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue et, bien que mère par la grâce, mère des grâces, la cadette du genre humain. »

Georges Bernanos

Lu dans Présent

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