Il est des évidences qui sont tellement… évidentes qu’on s’étonne que les journalistes, toujours prêts (comme les hommes politiques, d’ailleurs) à déverser leurs affirmations péremptoires, n’aient pas pensé à celle qui saute pourtant tellement aux yeux.
La télévision nous montre depuis plusieurs jours des milliers et des milliers de migrants déferlant sur l’Europe. On y voit des femmes et des enfants et peu de vieillards. On y voit surtout des milliers et des milliers d’hommes dans la fleur de l’âge. Tous disent qu’ils fuient leur pays, parce qu’il est en guerre pour certains, et parce qu’il est dirigé par un dictateur cruel pour d’autres. On peut dans l’immédiat évidemment les comprendre.
Mais ce qui est surprenant, dans tout cela, c’est que tous ces hommes, vigoureux pour la plupart donc, n’aient pas eu auparavant l’idée de se liguer et d’entrer en résistance. Prenons le cas de la Syrie, par exemple. On sait qu’il y a là-bas des rebelles qui combattent à la fois Assad et Daech. Aussi, ces hommes vigoureux, ces milliers d’hommes, au lieu de fuir – car c’est bien de cela qu’il s’agit -, auraient été quand même bien inspirés de rester dans leur pays pour se battre avec leurs frères de sang rebelles, devenant eux-mêmes des rebelles et accélérant, par une résistance ainsi renforcée, la chute de leur tyran et l’éradication de la vermine islamique.
Qu’ils mettent à l’abri leurs femmes et leurs enfants en les accompagnant dans leur exil, rien de plus normal. Mais une fois cette mission familiale accomplie, leur devoir devrait être de revenir très vite dans leur pays pour prendre les armes et se battre. Et on peut parier, sans beaucoup de crainte de se tromper, que l’Europe, faisant le constat plus tard de leur victoire, n’hésiterait pas alors à mettre tous les moyens nécessaires pour assurer, avec la plus grande humanité, le retour de leurs femmes et de leurs enfants. Quand on pense qu’il y a des gens qui partent d’Europe et qui font donc le chemin inverse pour aller détruire justement le pays de ces déserteurs qui ne se soupçonnent pas comme tels, on ne peut être que confondus !
Il faut le crier très fort : le fait, pour ces hommes, de partir vivre en Europe est en fait de la lâcheté et un désintérêt total pour leur propre pays, ce pays qui les a vus naître. C’est finalement choisir le confort et la facilité plutôt que l’orgueil de l’honneur et la fierté d’être des hommes. On peut douter, d’ailleurs, quand les rebelles – leurs compatriotes, engagés, eux – seront sortis victorieux de cette guerre infâme qui n’en finit jamais, que ces milliers d’hommes vigoureux reviennent au sein de la mère patrie. Et si certains d’entre eux osent tenter ce choix, auront-ils au moins la décence de baisser la tête, comprenant qu’ils n’ont été finalement que des couards ?
La Syrie en ruine, l’Érythrée, l’Afghanistan, le Soudan, l’Irak… ne sont déjà plus que des mères stériles parce qu’abandonnées par leurs hommes. Leur ventre sera bientôt sec. Il y a peu encore, les Tunisiens, les Libyens, les Égyptiens, les Yéménites se sont battus. Alors, pourquoi pas eux ? Et qu’attends-tu, Europe, avec ta sensiblerie et ta fausse compassion, pour leur jeter cette vérité à la face ? Sans doute ton silence s’explique-t-il par le fait que tes hommes à toi ont perdu depuis bien longtemps leur virilité…