Que Sarkozy revienne si cela lui chante. Il ne sera jamais qu’un rogaton de cette politique que les Français semblent rejeter en masse.
« La première campagne présidentielle, on la fait toujours par envie et par désir. Pour un retour, le moteur, c’est le devoir […]. » Ainsi parlait Nicolas Sarkozy dans un entretien confié à l’hebdomadaire Valeurs actuelles, le 7 août dernier. Comme on connaît ses saints, on les honore, affirme un solide dicton populaire. Et un tel propos tenu par un politicien aussi roué que l’ancien tombeur de Pasqua à la mairie de Neuilly ne peut emporter la conviction ni, a fortiori, être un gage de confiance. Que l’on se souvienne (ce n’est pas si lointain) de certaines promesses présidentielles aux accents de matamore FN (« nettoyer » nos riantes banlieues, en l’occurrence), faisant presque passer le Menhir pour un tiède du Marais.
Mais que l’on n’oublie surtout pas la véritable forfaiture démocratique de l’ancien président de la République consistant à contourner, par la voie parlementaire, le veto opposé le 29 mai 2005, ad referendum, par le peuple français au traité portant constitution pour l’Europe. Certes, le candidat non encore élu avait, à l’époque, annoncé son intention de remettre ce traité sur les rails. Une promesse présidentielle qui fut, elle, réalisée. À l’instar de celle du « mariage pour tous » soutenue par Hollande. Deux promesses tenues. Deux catastrophes. Deux dénis du peuple.
Ces dernières heures, un sondage interne à l’UMP (dont on ne connaît ni le commanditaire ni la source) révélait que l’ancien chef de l’État serait – grosso modo – le seul, non seulement à pouvoir battre Marine le Pen, mais encore à être réélu, quel que soit l’adversaire en face. Bien plus : dans l’hypothèse d’un second tour Le Pen-Hollande, les deux seraient au coude à coude.
Qu’en conclure prosaïquement, si ce n’est que Sarkozy apparaît comme le succédané de l’homme providentiel que toute la droite parlementeuse attend depuis de Gaulle. Cette droite qui hésite entre les mêmes (Juppé, Fillon et consorts) et… les mêmes (Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et consorts). Cette droite qui a honte d’elle-même depuis la Libération, où les communistes (avec la complicité de De gaulle qui exécrait les partis et autres factions) l’ont revêtue de l’infamante tunique de Nessus du collaborationnisme et du pétaino-vichysme. Cette droite qui, faute d’avoir trouvé ses nouveaux Joseph de Maistre, Maurice Barrès, Charles Maurras et, plus près de nous, Alain de Benoist, s’est intellectuellement sclérosée au point de se rabattre sur des tâcherons polygraphes à la Mariton. Ce dernier, dans une affligeante prose programmatique rédigée à la va-vite en vue des élections à la tête de l’impotente UMP, n’hésite pas à déclarer que « le bonheur se trouve à droite ». Consternant et trop ridicule pour tuer.
Bref, que Sarkozy revienne si cela lui chante. Il ne sera jamais qu’un rogaton de cette politique que les Français semblent rejeter en masse, si l’on en croit un sondage IFOP du 30 août dernier, aux termes duquel, sans surprise, le PS monte sur le podium du parti le plus impopulaire du pays (48 %), à égalité avec le FN, tous deux talonnés par une UMP avec 44 % de mauvaise opinion, 62 % des sondés estimant même que les partis politiques ne sont « pas utiles », lorsque 85 % les trouvent déconnectés du pays réel. Tout change pour que rien ne change. Sarkozy, ou le syndrome de Lampedusa.