Une vaste réforme de la presse écrite est en cours d’étude. A la fin du mois de juillet, et un peu en catimini, il faut bien le dire, ont été votées à l’Assemblée nationale deux textes importants pour l’avenir de la presse écrite.
Le premier de ces textes concerne l’instauration de ce que l’on appelle « un droit voisin ». Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple, voire Twitter et Microsoft) « pillent nos revenus », comme le relevait la nouvelle fédération patronale, Alliance de la Presse d’Information Générale, créée en 2018. Ces réseaux sociaux accaparent tous les revenus publicitaires et mettent en ligne des kilomètres de textes sans que soient versées des compensations (des « droits voisins ») pour cette utilisation des textes de presse. La loi va créer l’obligation de reverser un pourcentage du chiffre d’affaires publicitaire, pourcentage qui pourrait être de l’ordre de 10%, soit une somme de 250 à 300 millions d’euros. Un organisme serait créé, chargé de collecter ces revenus, et de les redistribuer aux organes de presse ayant alimenté les réseaux sociaux. C’est un peu le principe des droits d’auteurs, et de leur gestion par la SACEM. La SACEM collecte les droits d’auteurs au profit des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. L’organisme créé accomplirait en quelque sorte le même type de collecte, au profit de la presse écrite.
Bonne initiative, d’autant que tout ce qui peut affaiblir le pouvoir des GAFA va dans le bon sens. Comme va dans le bon sens tout ce qui peut préserver le droit à une libre expression des idées politiques et des valeurs spirituelles.
Le patron de La Dépêche du Midi, Jean-Michel Baylet, pourtant homme de gauche pur jus, constatait qu’aux Etats-Unis, au cours des huit années de présidence Obama, 1 800 titres de presse ont disparu, les budgets publicitaires ayant été littéralement siphonnés par les GAFA. Ce qui ne traumatisait pas spécialement ce président démocrate, car les patrons des grands réseaux sociaux, à commencer par Facebook et Twitter, sont ouvertement démocrates, et, comme le signalait le correspondant du Figaroà Washington, Pierre-Yves Dugua, ces réseaux censurent plus facilement les opinions de droite que celles de la gauche américaine. Cette pratique s’est généralisée à la France comme l’ont montré les récents cas de censures par Facebook et Twitter de l’OJIM, de Présent, ou de la député Emmanuelle Ménard.
Redistribution à la presse des « droits voisins »
Le processus de déploiement du dispositif des « droits voisins » risque d’être long, mais il est absolument nécessaire. Une commission dirigée par le président du groupe Les Echosa commencé à travailler sur le sujet. Le plus compliqué va être de négocier avec les GAFA cette fameuse redistribution à la presse de ces « droits voisins ».
L’autre grande réforme discutée fin juillet concernait la distribution de la presse papier. Le monopole de Presstalis, déjà écorné par l’apparition des Messageries Lyonnaises de Presse, devrait disparaître. La réforme doit se mettre en place au 1er janvier 2023.
Devons-nous craindre cette évolution ? La presse d’opinion a été malmenée comme jamais par l’idéologie progressiste, par le politiquement correct. Pour ce qui concerne la presse écrite, les rares titres survivants ne peuvent craindre pire que ce qui a été vécu, ces dernières années. Alors ne regrettons rien.
La réforme donnera davantage de liberté aux kiosquiers pour choisir les titres à mettre en vente. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Le pourcentage de kiosquiers favorables aux idées défendues par Présentest sans doute infiniment supérieur au pourcentage de députés de même orientation. Et la liberté, dans ce domaine, ne devrait donc pas non plus nous être défavorable. Mais qui plus est « les médias d’informations politique et générale » ne seront pas concernés. Pour ce qui est donc dePrésent, cette réforme de la distribution de la presse ne devrait pas nous toucher négativement. Attendons toutefois la loi, car le diable est dans les détails, et l’imagination progressiste est quasiment illimitée quand il s’agit de restreindre la liberté des expressions non conformistes.
Francis Bergeron – Présent