Pour augmenter leurs chances de trouver un emploi, les étudiantes chinoises ont leur petit secret. Alors que la concurrence est rude, avec 7 millions d’élèves sortis d’universités chinoises en 2014, beaucoup ont décidé d’ajouter un argument physique à leur CV : le nez tour Eiffel. Contrairement au nez en trompette, le nez tour Eiffel est droit, formant un angle droit avec l’arc de Cupidon. Pour convaincre les recruteurs, certaines jeunes femmes choisissent de passer sur le billard pour améliorer − selon elles − leur apparence.
Ce n’est pas un mystère : en Chine, les candidats sont aussi jugés sur leur physique, les petites annonces d’emploi imposant parfois la taille et le poids requis. « Parfois, les recruteurs prêtent davantage attention à votre apparence qu’à votre expérience », confie Xu Yang au « Parisien », une jeune femme de 26 ans qui s’est récemment offert une liposuccion. Mais l’idéal de beauté chinois peut surprendre, le nez en forme de tour Eiffel constituant un critère majeur de perfection. L’allure du monument, symbole du romantisme à la française, apporterait un certain raffinement au visage susceptible de faire la différence lors d’un entretien d’embauche, selon le chirurgien Wang Xuming. « Si les femmes possèdent de bonnes caractéristiques faciales, elles ont de meilleures chances de trouver un poste. Le nez tour Eiffel les aide beaucoup », confirme l’homme originaire de Chongqing, qui avoue effectuer une douzaine d’opérations de ce type par mois.
Pour obtenir la forme d’une tour Eiffel, le docteur explique qu’il doit découper une portion de tissu sur le front et la réinsérer dans le nez, afin de créer un tout nouveau volume. Plus qu’un remodelage, cette rhinoplastie constitue une réelle restructuration nasale. « Nous essayons de combiner la médecine et l’art », explique Mme Li, responsable administrative de la clinique. C’est ainsi que le chirurgien justifie le prix assez élevé de l’opération, à hauteur de 7 200 euros. Néanmoins, le coût ne semble pas poser pas de problème à sa clientèle féminine, qui est essentiellement issue de milieux aisés. « Les clientes viennent accompagnées de leur mère », la famille des intéressées s’engageant le plus souvent à financer l’opération.
Extrêmement coquettes, certaines jeunes femmes sont prêtes à tout pour se transformer en leur héroïne de manga préféré, ou ressembler aux canons de beauté européens. C’est ainsi que le secteur de la chirurgie esthétique chinois enregistre une croissance de 40% chaque année. Et à la lubie du nez tour Eiffel s’ajoutent de nombreuses autres techniques pour changer son apparence. Les beautystas asiatiques rêvent par exemple d’affiner leur visage pour obtenir une V-line, modifient leur regard avec le puppy-eyes make-up, ou encore effacent la pointe de leurs sourcils pour se créer une ligne droite, jolie mais peu naturelle. Mais jusqu’où iront-elles ?