Le parti de la majorité présidentielle a déclaré vouloir créer un média et recruter des rédacteurs, afin de s’adresser directement aux Français. Une annonce survenant dans un contexte de dégradation de la relation entre l’Elysée et la presse.
La République en marche (LREM) veut «se constituer comme un média» en développant sa propre production de contenus pour relayer ses messages sur le terrain, y compris «là où les médias ne vont pas», a fait savoir le 7 juillet une porte-parole du parti de la majorité présidentielle.
LREM, qui réunit ce 8 juillet à Paris sa première convention pour déterminer ses grands chantiers à venir, compte recruter des rédacteurs et des vidéastes pour faire connaître les initiatives et les messages de ses adhérents sur le terrain.
«Nous voulons associer davantage la presse quotidienne régionale. Mais nous voulons aussi développer des contenus, de manière décentralisée. Si les médias n’y vont pas, on ira», a expliqué la porte-parole. «Nous voulons aussi nous adresser à des médias un peu plus sociétaux, pour casser la lecture uniquement politique des partis», a-t-elle ajouté.
«C’est à nous de monter sur des thématiques, nous avons un champ d’expression qui touche la vie des gens. Les syndicats, le gouvernement vont s’écharper, or c’est loin de la vie des gens. Nous montrerons cette dynamique de l’engagement citoyen», a-t-elle affirmé.
Au sommet de l’Etat, Emmanuel Macron privilégie déjà une communication directe avec les Français, via les réseaux sociaux. Il n’a donné qu’une seule interview depuis son investiture. Les propos du président de la République ont été publiés simultanément dans huit journaux européens. Le locataire de l’Elysée a en outre supprimé la traditionnelle interview télévisée du 14 juillet.
Bien qu’ayant bénéficié d’une couverture médiatique en France plutôt favorable durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron et son mouvement ont pu heurter le monde journalistique depuis l’élection présidentielle. Mi-juin, une vingtaine de médias s’étaient mobilisés, via une tribune dans Libération, après l’appel de François Bayrou à Radio France pour se plaindre d’une enquête sur le financement du MoDem et la plainte de la ministre du Travail contre le quotidien.
Cela n’avait pas empêché le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, fin juin, de demander aux médias de ne pas trop attaquer le ministre du Travail. Muriel Pénicaud est en effet touchée par la polémique sur le voyage d’Emmanuel Macron à Las Vegas, lorsqu’il était ministre de l’Economie.
De plus, lors de son allocution à Versailles, le président de la République a appelé à cesser la «chasse à l’homme» médiatique à l’encontre des membres du gouvernement…