https://www.youtube.com/watch?v=NNDgsw39m9s
À quel point faut-il être aveugle pour caricaturer à ce point la pensée de Macron?
Je lis déjà les commentaires: du blablabla, de la hauteur mais il nous perd dans les nuages, des bons sentiments mais pas de mesures concrètes, des objectifs mais pas de moyens. Macron prétentieux, Macron grandeur mais grandeur surtout de lui-même. Bref, pour la première fois qu’on a un président qui, depuis bien longtemps, a du jus dans le crâne, un président qui a une vision du monde et de la France en Europe et dans le monde, de la politique, de l’économie, les commentateurs nous le rapetissent. À nouveau, comme toujours, ils ne savent que cela, commenter les jeux de pouvoir. Les poux cherchent des poux dans sa tête.
Pardon, mais le discours à Versailles devant le parlement réuni en Congrès avait au moins un mérite, celui de nous dire que la France s’est perdue et qu’elle ne se retrouvera, unie, fière, confiante, que si elle retrouve une grande ambition. La France est devenue petite, bagarreuse, rapetissée justement, parce qu’elle a perdu le fil de sa belle histoire. C’est la thèse du président. Cette thèse mérite un débat plus sérieux que les pia-pia des aigris.
Si vous voulez comprendre quelque chose à Emmanuel Macron, retenez le mot «dignité». Il l’a prononcé une dizaine de fois. Il s’agit de rendre sa dignité, hélas perdue ou étouffée ou abîmée, d’abord à chacun, c’est «la vie digne pour tous»; ensuite à la politique, elle en a bien besoin; enfin à l’homme lui-même. La dernière phrase éclaire le tout:
«Nous rendrons le service que le peuple français attend de nous. Nous resterons fidèles à cette promesse de nos commencements, cette promesse que nous tiendrons parce qu’elle est la plus grande, la plus belle qui soit : faire à l’homme, enfin, un pays digne de lui».
La France «le pays digne de l’homme»? Bigre, ça met la barre haute effectivement…
Parler haut
Le Macron est tout simple en vérité: il veut inscrire son quinquennat dans cette grandeur de l’Histoire de France, celles des Lumières et celle de 1789. «Liberté, égalité, fraternité». On remarquera qu’il a employé ce dernier mot, pourtant comme tombé en désuétude, pour parler de l’intégration l’un des échecs les plus cruels du pays et qu’il veut rénover, transformer. Quand certains accusent les institutions, veulent une VIe République, conspuent le chef de l’État soupçonné d’installer un pouvoir personnel, Emmanuel Macron balaie tout cela.
Non, la dégradation de la France ne vient pas de ses institutions trop présidentielles, elle vient de ce que «leur esprit a été abîmé», plus encore de ce que les responsables se sont égarés, ils ont perdu toute espèce de sens général. Progressiste, Emmanuel Macron le revendique pour ce qui est des politiques publiques, il en laisse la «mise en œuvre» à son Premier ministre, lui veut d’abord être le restaurateur de la «dignité» de la politique. D’où son besoin de parler haut, et même très haut, d’où la complémentarité, la non-concurrence, avec le discours d’Edouard Philippe.
Comme nous n’avons pas le droit de vous le faire connaître en entier: la suite est ici.