Il n’est pas forcément idiot d’avoir peur. Ça peut même sauver des vies. En revanche, la pétoche n’est pas toujours bonne conseillère, et lorsque érigée en mode de gouvernement, ça peut aussi foutre la frousse…
Les USA, ainsi, entendent-il renforcer les contrôles dans les aéroports où des avions décolleront en direction de la Terre promise. Déjà qu’avec un coupe-ongles, on n’était pas loin de prendre un billet aller sans retour vers Guantanamo, le fameux goulag cubain, il va devenir croquignolet d’embarquer dans un zinc, direction les States. L’auteur de ces lignes en sait quelque chose, dont la petite fille, en 2002, a vu ses chaussures découpées au rasoir, tandis qu’on lui scalpait sa poupée. En face, deux énormes Blacks de trois mètres cube chacun. Et pas plaisantins pour deux ronds.
La première fois où je me rendis aux Etats-Unis, c’était il y a longtemps, en 1984. Deux crétins façon Men In Black m’ont retenu une heure durant dans un blockhaus de l’aéroport new-yorkais. J’ai dû expliquer que je n’étais ni nazi ni communiste, un comble, conformément à la fiche que l’on vous somme d’emplir, lorsque l’avion s’apprête à aborder les frontières du pays héraut du « Monde libre ». J’en rigole encore.
Quel monde de paranoïaques… Chasse aux sorcières durant la Guerre froide… Hollywood épuré… Ils ont même été jusqu’à persécuter cette pauvre Lucille Ball, qui n’avait pourtant rien demandé à personne… Dans la foulée, ils nous ont fait le coup des Martiens… Mars, la Planète rouge, jolie métaphore bolchevique… Depuis, les méchants Russes… Tsaristes comme jamais… Avec les Français en embuscade, les vilains fumant cibiche sur clope… Et les vilains Arabes, islamistes, forcément islamistes, teint mat et moustache arrogante… Le Coran sous un bras et la bombe coincée dans l’autre… Sans compter les Jaunes, fourbes et aux yeux bridés…
La trouille, qu’on vous dit. D’où le Patriot Act, loi d’exception permettant à des services, type CIA ou FBI, d’encabaner le premier citoyen venu, au motif qu’il serait susceptible de penser en dehors des clous. Tout ça au pays des libertés, libertés désormais réduites à une proportion de plus en plus congrue.
Et comme toujours, au même titre que le disco ou le skate-board, le politiquement correct ou la Gay Pride, la théorie du genre et le hulla-hoop, la grande parano nous guette, importée directe de là-bas, sachant que leurs dingueries mettent généralement un peu plus d’une décennie à traverser l’Atlantique. Remarquez, on avait commencé à nous foutre les miquettes dès le siècle dernier. Jean-Marie Le Pen allait prendre le pouvoir, à la tête d’une internationale noire n’ayant existé que dans l’esprit enfiévré de journalistes exaltés.
Et d’autres victimes de cette psychose collective de nous jouer, ici, le match retour avec les hordes islamistes prêtes à transformer la France en califat et de nous jouer de la flute avec leur « Reconquista » en carton prémâché…
Comme le disait le défunt et regretté Jean-Paul II : « N’ayez pas peur ! » Le vénérable vieillard parlait d’or. Il ne fallait pas avoir peur. Pas peur de ce communisme qui ne fut jamais qu’illusion, au même titre que cette mondialisation à la sauce turbo-capitaliste, mur d’argent qui pourrait bien s’effondrer tout seul, au même titre que d’autres murs.
Bref, n’ayons pas peur. Et surtout pas de bouffons déguisés en rois. Après, l’espoir fait vivre, plus sûrement que cette trouille érigée en nouvelle raison d’État.