En Sicile (Italie), beaucoup d’hôtels se sont transformés en centres d’accueil pour les migrants. Une affaire devenue très lucrative.
Il y a eu les années glorieuses pour l’hôtel Villa Mokarta de Salemi, dans la province de Trapani avec une clientèle connue et hétérogène. (…) Aujourd’hui, dans le hall pavé de marbre, 149 demandeurs d’asile traînent, ennuyés, leurs savates. Ils sont arrivés de Gambie, du Sénégal à bord de rafiots chancelants; les rouages d’une traite d’esclaves désormais insoutenable. «Mare nostrum», l’opération militaire et humanitaire inaugurée en octobre par le gouvernement italien, n’a fait qu’accentuer les complications. (…)
Depuis janvier 2014, 53.000 désespérés ont débarqué en Sicile. Et au moins la moitié ont trouvé un abri sur l’île dans des immenses centres d’accueil comme celui de Mineo, à Catane, qui accueille 4000 personnes. Les hôtels ont choisi de changer leur business en passant des touristes aux demandeurs d’asile. Ce sont plus de 1500 migrants qui sont accueillis dans les hôtels siciliens. Les hôteliers donnent leurs disponibilités à la préfecture, épuisée par les demandes continuelles de lits de la part du Ministère de l’intérieur.
Une convention est alors signée avec la Préfecture et ils reçoivent 30 euros et la TVA par jour pour chaque personne accueillie. Ainsi, un hôtel qui met à disposition 100 lits, reçoit 1,1 million d’euros par an de la part de l’État italien. (…)
Autre exemple de structure mise en place pour les migrants, l’Hôtel Poma à Custonaci, toujours à Trapani. Cet hôtel de 22 chambres a été transformé en centre d’accueil de 97 lits. L’opération a été voulue par Gepsa, une société transalpine qui gère 15 prisons en France. L’entreprise appartient à la multinationale Gaz de France (…). La morale de cette histoire : c’est que l’État français, bien qu’indirectement, fait des affaires grâce aux immigrés débarqués sur les côtes siciliennes. (…)
« L’afflux des immigrés a donné du travail à une vingtaine de personne » dit une directrice d’un autre hôtel qui souhaite le transformer en centre d’accueil. (…)