Le destin de Laïka, la petite chienne russe mise en orbite en novembre 1957 dans Spoutnik, est connu. On sait qu’elle mourut au bout de quelques heures dans sa capsule, même si la vérité sur les conditions de son décès ne fut connue qu’au début des années 2000, la chape de plomb soviétique ayant longtemps pesé sur le dossier de « Petite aboyeuse » (signification de Laïka). La pauvre bête figure en bonne place sur le Monument des Conquérants de l’Espace (Moscou, 1964).
Aucun destin de cobaye canin ou autre n’est enviable, mais être un cobaye canin en URSS ? Olivier Griette, sans doute touché par le destin de Laïka qui subit des expériences et un « entraînement » à vous traumatiser un chien sans retour, a choisi de lui donner la parole et de raconter son itinéraire, romancé jusqu’au subterfuge dont je ne vous dirai rien. Avec malice, Laïka retrace sa petite vie qui commence dans la confortable datcha de son « bon papy » autour duquel se pressent des gens terrorisés comme Boulganine et Khroutchev. La guerre froide fait rage. La course à l’espace a commencé. Le « bon papy » meurt, le 5 mars 1953. Laïka, sans le savoir, entame une trajectoire qui devient de plus en plus celle de Spoutnik…
Léger de bout en bout, les Mémoires de Laïka rappellent qu’en Union soviétique il ne faisait bon être ni homme ni bête.
Olivier Griette, Mémoires de Laïka, roman, Iréniques Xenia, 230 pages, 16 euros.