De longue date, Christian Estrosi voulait une grande mosquée à Nice. En 2006, lorsqu’il n’était pas encore maire mais président du conseil général des Alpes-Maritimes, il avait défendu cette idée avec ferveur. Il risque, aujourd’hui, d’être satisfait bien au-delà de ses espérances !
Nice, qui compte déjà 18 lieux de prière musulmans (selon le site trouvetamosquee.fr), pourrait bientôt s’appeler Nice-les-Deux-Grandes-Mosquées.
En effet, un bâtiment, situé à Nice-Ouest et appartenant à un sujet saoudien qui a investi 4 millions d’euros, a fait l’objet de travaux pour être aménagé en grande mosquée. Christian Estrosi, depuis plusieurs mois, tente en apparence de s’opposer à cette construction. Mais l’association culturelle et cultuelle En-Nour, en charge du projet, a déposé la semaine dernière un référé auprès du tribunal administratif de Nice. La décision est tombée le 6 juin : sous cinq jours – avant le début du ramadan -, cette mosquée devra ouvrir ses portes aux fidèles. La ville de Nice s’est immédiatement pourvue en cassation auprès du Conseil d’État.
Christian Estrosi en pointe face à l’islam radical ? Voir. Car comme le faisait remarquer, le 23 avril dernier dans Nice-Matin, Olivier Bettati, conseiller régional Front national et conseiller municipal de Nice, « qui peut imaginer une seconde qu’une mosquée de cette taille soit construite dans la circo du maire sans qu’il ne se soit occupé de rien ? » Et Benoît Kandel, ancien premier adjoint d’Estrosi, de préciser que c’est le maire qui a signé les autorisations de travaux en ajoutant : « Aujourd’hui, le maire veut apparaître comme le sauveur d’une situation qu’il a lui-même créée… C’est lui qui a fabriqué la mosquée. »
Ces déclarations venaient à la veille d’un conseil municipal extraordinaire autour de ce sujet, conseil au cours duquel Christian Estrosi montra ses gros bras pour faire face au fondamentalisme. Marie-Christine Arnautu, conseillère municipale Front national, avait alors dénoncé cette gesticulation inscrite dans un plan com’ bien huilé.
Et lorsqu’on prend connaissance des remarques faites par le tribunal administratif, on ne peut que se ranger à cette appréciation. En effet, le tribunal a relevé que le maire de Nice ne s’opposait pas à l’ouverture de cette mosquée pour des motifs relatifs au respect de la législation mais pour ses doutes sur l’origine du financement des travaux et sa crainte de prêches dangereux, arguments qui ne pouvaient à l’évidence être retenus par la justice administrative. En outre, le tribunal a souligné le fait que la commission d’accessibilité et la commission de sécurité communales avaient rendu des avis favorables à l’ouverture au public. Devant qui ces commissions sont-elles responsables ? Sans préjuger de la décision du Conseil d’État et sans être derviche tourneur, on peut imaginer comment se terminera cette affaire…
Mais le plus fort, c’est que pour contrer ce projet de grande mosquée, Christian Estrosi a eu l’idée géniale d’en soutenir un autre, non loin de l’autre mosquée. Un terrain communal a été attribué par bail emphytéotique à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Cette UOIF dont Estrosi envisageait la dissolution le 25 mars dernier au micro d’Europe 1. Cette même UOIF à qui le même Estrosi, deux semaines après, sur Public Sénat, concédait un brevet de républicanisme en déclarant qu’elle appartenait « aux 90 % des musulmans qui se reconnaissent dans les valeurs de la République française ». Il est vrai qu’entre-temps, le groupe FN au conseil régional de PACA avait proposé d’adresser un vœu au gouvernement pour prononcer la dissolution de cette association…
Difficile de suivre les arabesques de M. Estrosi. Ce que l’on voit, c’est que pour le prix d’un Estrosi, Nice aura droit à deux grandes mosquées.
PS : on lira avec intérêt le livre de Philippe Vardon L’imam Estrosi. Demain à Nice, 20 mosquées? paru en 2014.