Par Alain Sanders
Suez, film de 1938, réalisé par Allan Dwann, fut produit par Darryl F. Zannuck. C’est, historiquement, un des premiers films d’un genre qui depuis a fait florès, les films « catastrophe ».
S’inspirant en partie (mais en partie seulement) de la vie de Ferdinand de Lesseps, l’histoire commence en 1850, à Paris. Où Lesseps (Tyrone Power) courtise une belle Espagnole, la comtesse Eugénie de Montijo (Loretta Young).
Mais la belle Eugénie a un autre prétendant. Le prince-président Louis Napoléon Bonaparte (Leon Ames). Pour dégager le terrain, ce dernier fait nommer son éventuel rival premier Secrétaire au consulat de France en Egypte.
Disons-le tout net : il n’y a jamais eu même un semblant de flirt entre Eugénie et Lesseps. Pour une raison bien simple : Ferdinand de Lesseps est né en 1805, soit vingt-et-un ans avant Eugénie…
Mais pour le reste, on marche ! A Alexandrie, Lesseps ne tarde guère à s’éprendre de Toni Pellerin (Annabella), fille d’un officier de la garde royale égyptienne (1). Il entre aussi dans les bonnes grâces du prince Saïd (J. Edward Brombey), fils de Mohamed Ali (Maurice Moscovitch), vice-roi d’Egypte. Et le canal ? Bien sûr ! Mais avant qu’il soit terminé, on ira d’accidents en catastrophes de toutes sortes. On retrouve finalement l’Histoire avec un grand H quand Eugénie, devenue entre-temps impératrice, vient inaugurer le canal, en 1869.
Au bilan, un bon film d’action, d’esprit très « empire colonial » avec, au passage, l’évocation de hautes figures comme Changarnier, Disraeli, Liszt et même Victor Hugo.
(1) Un an après le film, Tyrone Power épousera Annabella, actrice française issue du muet. Son premier rôle marquant fut dans le Napoléon d’Abel Gance en 1928.