Amadeo de Souza Cardoso est un artiste aux multiples facettes dont l’oeuvre se situe à la croisée de tous les courants artistiques du XXe siècle. Au-delà des influences impressionnistes, fauves, cubistes et futuristes, il refuse les étiquettes et imagine un art qui lui est propre, entre tradition et modernité, entre le Portugal et Paris. Deux-cent cinquante oeuvres d’Amadeo et de ses amis proches, Modigliani, Brancusi ou encore le couple Delaunay, sont rassemblées dans cette exposition, qui est la première grande rétrospective consacrée à l’artiste portugais depuis 1958.
Amadeo est issu d’une famille de propriétaires terriens du nord du Portugal tournée vers l’exploitation de vignobles à Manhufe. Ce carcan traditionnel et bourgeois tranche avec les milieux avant-gardistes dans lesquels il va s’épanouir. Son père, ayant remarqué son habilité pour le dessin, l’oriente vers une carrière d’architecte mettant en valeur ses aptitudes tout en lui assurant une stabilité mais c’est son oncle, un homme distingué et cultivé qu’il surnomme affectueusement tio Chico, qui l’encouragea à développer son goût pour l’art, notamment les caricatures, le poussant à se perfectionner.
Amadeo de Souza Cardoso, Titre inconnu (La Maison de Manhufe), vers 1912-1913, collection particulière en dépôt au Museu Municipal Amadeo de Souza- Cardoso / Câmara Municipal de Amarante Photo Paulo Costa
L’été est l’occasion pour la famille de se réunir dans une grande maison à Espinho, près de Porto. Amadeo, encore adolescent, y fréquente un cercle d’intellectuels se réunissant au café Chinez.
Malgré son jeune âge, il y est intégré et rencontre un médecin et écrivain, Manuel Laranjeira, qui aura une influence sur sa maturation artistique. En 1907, lors de la publication d’une des premières caricatures d’Amadeo dans le journal O Primeiro de Janeiro, le médecin lui fait part de sa critique, trouvant la composition un peu vulgaire et l’incitant à s’améliorer.
La jeunesse portugaise de l’artiste reste présente comme paysage mental dans ses œuvres, qui évoquent la campagne au travers une iconographie locale comme le cheval, le château, la montagne ou le pont.