| « Comme les socialistes veulent créer un homme nouveau, ils veulent créer un homme sans racines. C’est une des raisons pour laquelle ils ont besoin d’immigration celle-ci contribuant à déraciner, mais c’est aussi une des raisons pour laquelle ils ne peuvent pas supporter qu’on leur rappelle que la France a été façonnée par le christianisme. »
On en a soupé des Femen et compagnie, on en a soupé des mariages pour tous – qui ne sont pas spécialement pour tous car, fort heureusement, je ne peux pas épouser mon frère ou mon père – on en a soupé des genres de théories relatives au genre et de la chasse aux catholiques dits obscurantistes. En réalité, ce sont moins les expressions civilisationnelles de ces expériences qui semblent intéressantes aujourd’hui que le principe de base qui se dissimule derrière et qui, s’il atteint son paroxysme, pourrait conduire aux pires anti-utopies décrites jusque là.
Le socialisme est souvent associé à l’humanisme. Ce raccourci caricatural n’a en fait jamais été valable puisque la plus belle et en même temps la plus terrible des utopies élevée en plus au rang de religion fut le communisme. Dirait-on du socialisme soviétique qu’il présentait des traits humanistes ? Pas vraiment pour ne pas dire pas du tout. Le socialisme français, celui que nous connûmes sous Mitterrand, pouvait paraître axé sur une philosophie humaniste. La loi Badinter sur la suppression de la peine de mort en est une illustration. L’allégement de la politique migratoire et l’exacerbation irrationnelle du discours antiraciste en est également une illustration éloquente. Ceci étant, comme tout excès de zèle entraîne un résultat finalement inverse à l’effet recherché, le retour du socialisme en 2012 réduit à l’absurde les vecteurs socialistes empruntés dans les années 80-90. Les raisons en sont très simples : l’incorrigible audace des socialistes s’appuie sur, d’une part, une conception idéaliste de la nature humaine, d’autre part, sur une conception totalitaire de cette même nature dans la mesure où on la croit modelable à volonté.
Cette contradiction a conduit le gouvernement Hollande à miser sur la création de l’« homme nouveau », un homme lui-même tissé de contradictions qui serait Français sans être Français, droit-de-l’hommiste mais à la carte et surtout au détriment de ses intérêts primaires, démocrate mais démocrate à l’américaine dans un monde où il y a des gentils à glorifier et des méchants à bombarder, un monde où l’on est relativement homme ou relativement femme, etc. Bref, il s’agirait d’un homme nouveau pris dans un univers tiré des manuels de schizoanalyse. Résultat : d’un humanisme irrationnel on est presque déjà passé au transhumanisme, la seule idéologie qui propose un nouvel homme non pas seulement sur le plan spirituel mais aussi sur le plan physique. Une culture « trans » peuplée d’êtres trans. Naturellement, la religion – et c’est naturellement le christianisme avec ses principes édificateurs immuables qui est attaqué en premier lieu – n’y a pas sa place.
Or, comme nous ne sommes pas des bouts de bois dont on peut faire des Pinocchios ou des petits garçons en chair et en os, le transhumanisme socialiste finit par tuer les nations. Quant aux croque-morts, ils font eux aussi partie de nos sociétés tout en conservant leurs principes.
Ce schéma (certes très peu réjouissant) tracé, je soumets à votre attention l’analyse de M. Guillaume de Thieulloy, écrivain, directeur de publication de « Nouvelles de France » et de l’« Observatoire de la christianophobie ».
Guillaume de Thieulloy . « Je travaille dans le domaine politique. Je suis assistant parlementaire, je suis un peu écrivain et un peu journaliste. Je suis notamment éditeur de presse et plus particulièrement directeur de publication de pas mal de sites de ce que l’on appelle la « cathosphère » ou la « réacosphère » selon les vocables. Je suis donc entre autres directeur du « Salon Beige », de « Riposte catholique », de l’ « Observatoire de la christianophobie » ainsi que de « Nouvelles de France ».
Est-ce qu’on peut dire que sous le mandat de Hollande les actes christianophobes sont en augmentation, notamment si on compare leur importance avec ceux qui avaient été relevés les deux premières années du mandat de Sarkozy ? Si c’est réellement le cas, est-ce que selon vous cette réalité serait liée à la politique notablement antichrétienne du PS ou à d’autres facteurs qui n’ont rien à voir avec le pouvoir en place?
Guillaume de Thieulloy. « Il est assez difficile de répondre à votre question sur les chiffres parce qu’il n’y aucune recension exhaustive des actes de haine antichrétienne ni en France, ni dans l’ensemble des pays d’Europe. On commence tout juste à dresser une espèce de compilation – c’est notamment l’OSCE qui s’en occupe – au niveau européen. Et en France, en dehors de l’ « Observatoire de la christianophobie » qui n’est pas un organisme officiel, personne ne s’en occupe. Le ministère de l’Intérieur, par exemple, refuse de communiquer sur les actes de haine antichrétienne. Nous ne disposons donc pas de chiffres officiels ce qui fait qu’il est très difficile de comparer la situation en place sous Sarkozy et sous Hollande. Cela étant, ce que l’on constate, c’est qu’il y a une indifférence des pouvoirs publics sous l’actuel mandat qui est beaucoup plus forte encore que sous le mandat précédent. On ne peut pas dire que ce dernier était extrêmement attentif aux expressions de la haine antichrétienne mais à l’heure actuelle non seulement il n’y est pas du tout attentif mais en plus il en rajoute. Pour en donner un petit exemple : systématiquement, toutes les fêtes religieuses sont l’occasion pour Matignon et l’Elysée de communiquer avec les Français, sauf les fêtes chrétiennes. On n’a généralement le droit à aucun mot ni pour le début du Carême, ni pour Pâques, ni pour Noël, bref, à aucun moment d’aucune fête chrétienne, d’aucun temps chrétien, alors que la France est quand même encore majoritairement chrétienne. Il est donc clair que le gouvernement actuel est très hostile aux racines chrétiennes de la France ce qui ne facilite pas notre travail de résistance à la christianophobie. Ceci dit, le laïcisme socialiste n’est qu’une des composantes de la haine antichrétienne. Pour faire simple : dans le monde et de façon particulière en France, on recense à peu près trois sources de christianophobie. La première, c’est le communisme. La deuxième, c’est l’islam radical. La troisième, c’est le laïcisme. En France, il y a un peu trop de communisme. On constate ainsi qu’un certain nombre de dirigeants d’extrême-gauche continuent à considérer que le cléricalisme est leur principal ennemi. Les laïcistes sont évidemment dans la même disposition d’esprit. Enfin, l’islam radical est déjà assez puissant. Un certain nombre de profanations d’églises viennent soit de l’islam radical, soit du laïcisme communiste ou socialiste. Mais il y a autre chose. La France n’est pas à l’abri des groupuscules satanistes qui sont notamment à l’origine de viols de sépultures dans le cadre de leur culte.
Pensez-vous que l’aversion affichée par le PS à l’égard de l’héritage chrétien de la France soit également une façon de flirter avec des mouvances islamistes déjà assez bien implantées ?
Guillaume de Thieulloy. « Je ne suis pas certain que cela se fasse dans cette logique. Il s’agirait plutôt d’un suivi de la logique chiraquienne. Souvenez-vous, Jacques Chirac avait refusé qu’on mentionne les racines chrétiennes de l’Europe dans la Constitution de l’UE parce qu’il voulait accueillir la Turquie qui bien entendu n’est pas très sensible auxdites racines. Il est néanmoins clair que gommer l’héritage chrétien est une façon pour nos dirigeants de mieux intégrer les musulmans mais c’est un calcul complètement absurde parce que, comme je le constate ayant été assez actif dans la lutte contre la loi Taubira, – et je le suis d’ailleurs encore – les musulmans sont beaucoup plus respectueux des Français qui assument clairement leur héritage que des socialistes complètement déracinés que nous avons en ce moment au pouvoir. Il y a donc certes une espèce de drague vis-à-vis d’une partie de l’électorat issue de l’immigration – l’aversion des socialistes vient partiellement de là – mais je pense par ailleurs que ce phénomène repose plutôt sur des fondements idéologiques.Comme les socialistes veulent créer un homme nouveau, ils veulent créer un homme sans racines. C’est une des raisons pour laquelle ils ont besoin d’immigration celle-ci contribuant à déraciner, mais c’est aussi une des raisons pour laquelle ils ne peuvent pas supporter qu’on leur rappelle que la France a été façonnée par le christianisme.
LVdlR. Question plus générale qui touche à une problématique internationale lancinante : le mépris du christianisme affiché par nos élites dirigeantes les conduit à ignorer les souffrances endurées par les chrétiens du Moyen-Orient. Le fait que de jeunes islamistes européens – selon les statistiques la France est en tête de ce triste classement – partent en Syrie pour y faire le djihad ne les préoccupent que très moyennement. Pourtant, ces individus-là vont tôt ou tard rentrer dans leurs pays d’origine … Croyez-vous que la France soit de fait en danger ou alors ce phénomène reste quand même marginal ?
Guillaume de Thieulloy. « Le phénomène est évidemment marginal dans la mesure où il est question de quelques centaines de personnes concernées. Moyennant quoi, j’ai toujours en tête que ce sont les minorités agissantes qui font l’Histoire. Les apôtres n’étaient que douze et n’étaient donc pas une majorité écrasante du peuple juif. Il n’empêche qu’à douze, ils ont quand même révolutionné l’histoire du monde. Le fait qu’il n’y ait que (entre guillemets) 500 ou 1000 djihadistes dits français en Syrie est loin de me rassurer. Pour moi, en effet, la France est en danger mais elle est moins en danger parce qu’il y a des gens qui font le djihad en Syrie que parce qu’elle refuse absolument de se préoccuper d’intégrer les gens qu’elle accueille sur son sol. Dès l’instant où vous parlez d’intégration vous êtes présumé raciste, ethnocentriste ou représentant de je ne sais quel fléau grave au regard du politiquement correct. Il est donc clair qu’en déracinant de la sorte des millions de personnes, on les pousse à se trouver des origines plus ou moins fantasmées et pourquoi pas à se radicaliser. J’estime que le clan immigrationniste aujourd’hui au pouvoir porte une écrasante responsabilité par rapport à la radicalisation d’une partie de la jeunesse musulmane. Pour moi il est évident que si l’on était strict, ferme sur le fait que si l’on habite en France on se comporte comme les Français, on verrait très vite une écrasante majorité des populations immigrées s’intégrer parce que cela répond également à leurs intérêts. Ceux qui y seraient réticents n’auraient qu’à aller voir ailleurs car nous ne sommes pas obligés d’accueillir toutes les personnes qui nous détestent. Personnellement, j’ai en tête l’exemple tout récent d’une jeune Française violée uniquement parce qu’elle était Française. Les agresseurs ont expliqué à la police que, bien naturellement, si elle avait été d’origine turque, elle n’aurait jamais subi un tel traitement. Je suis donc désolé, nous n’avons pas l’obligation d’accepter des gens qui ne supportent pas la France et les Français ».